Carcinome hépatocellulaire

Du nouveau dans le traitement

Par
Publié le 22/03/2018
Article réservé aux abonnés

Ce traitement des tumeurs hépatiques non métastatiques a l’avantage d’être réalisable en cas de thrombose portale, à la différence des autres. Les résultats de deux études de phase III (SARAH [1] et SIRveNIB [2]) évaluant radioembolisation vs sorafenib, traitement systémique de référence, ont été publiés en 2017. « Ces résultats étaient très attendus, mais sont décevants. Ils n’ont pas montré de bénéfice de la radioembolisation sur la survie globale, critère de jugement principal. Sa place n’est donc toujours pas acquise pour le carcinome hépatocellulaire (CHC). Des études complémentaires pourraient mieux préciser la place de cette technique, notamment Soramic (NCT 01126645) et Stop-HCC (NCT 01556490), dont les résultats devraient être communiqués en 2018 », précise le Pr Blanc.

Trois nouvelles thérapies ciblées orales

Ces dix dernières années, le sorafenib, inhibiteur de tyrosines kinases, restait le seul traitement validé du carcinome hépatocellulaire (de nombreuses molécules et combinaisons testées ont échoué dans des tentatives de démonstration de supériorité ou de non-infériorité). Mais, en 2016-2017, trois nouvelles thérapies systémiques orales ont fait leurs preuves en phase III :

– En 1e ligne thérapeutique, le lenvatinib a montré (3) sa non-infériorité par rapport au sorafenib, ce qui en fait un deuxième médicament de 1e ligne ;

– En 2e ligne thérapeutique, deux médicaments ont prouvé leur efficacité, le regorafinib (étude RESORCE [4], d’où une AMM en France dans cette indication en 2017) et le cabozantinib (efficacité communiquée à l’ASCO en janvier 2018).

« Alors qu’en 2016 le sorafenib était le seul traitement systémique disponible, nous disposons en 2018 de deux traitements en 1e ligne, et devrions rapidement avoir deux traitements en 2e ligne. Avec ces quatre molécules reconnues efficaces par des études de phase III, l’arsenal thérapeutique des prochaines années change considérablement en matière d’inhibiteurs de tyrosines kinases et de combinaisons. La combinaison sorafenib puis regorafinib permet d’obtenir dans des sous-analyses de l’essai de phase III RESORCE (présentées au Gastrointestinal Cancers Symposium 2017) des médianes de survie de 26 mois, alors que nous étions il y a quelques années sur des médianes de survie de 6 ou 7 mois », explique avec enthousiasme le Pr Blanc.

L’arrivée de l’immunothérapie

L’immunothérapie promet de révolutionner le traitement des carcinomes hépatocellulaires. En 2017, ont été publiés les résultats de deux études de phase II d’une immunothérapie par inhibiteurs de checkpoint anti-PD-1 permettant de lever l’inhibition des lymphocytes T cytotoxiques par les cellules tumorales : CheckMate 040, avec le nivolumab (5), et Keynote 224, avec le pembrolizumab. « Les résultats de ces phases II sont extrêmement prometteurs. Les médianes de survie sont très allongées. Le nivolumab a déjà une AMM en 2e ligne aux États-Unis. Les résultats des études de phase III sont attendus en 2018. L’immunothérapie pourrait modifier le pronostic et le traitement du CHC dans les prochaines années », conclut le Pr Blanc. 

(1) Vilgrain V et al, Lancet Oncol. 2017; 18: 1624–1636
(2) Chow, PK et al, Futur Oncol. 2017; 13: 2213–2216
(3) Kudo M et al, Lancet 2018; doi: 10.1016/S0140-6736(18)30207-1
(4) Bruix J et al, Lancet 2017; 389(10064): 56-66
(5) El-Koueiry AB et al, Lancet 2017; 389(10088):2492-2502

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9650