Une prise en charge délicate

Publié le 12/03/2018
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evenement melatonine

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Crédit photo : PHANIE

Le recours à la mélatonine ne fait pas consensus et expose à des effets inverses.

« Ce sont les généralistes qui sont en première ligne avec des patients qui souffrent d’hypovigilance, de fatigue et de stress à l’occasion du passage à l’heure d’été qui aggrave leur dette de sommeil, rappelle le Dr Joëlle Adrien. Or, le sommeil ne fait pas l’objet d’un enseignement dans le cadre de la formation initiale et seuls les spécialistes maîtrisent les stratégies thérapeutiques. »

La tentation de prescrire de la mélatonine pour recaler l’horloge biologique en avançant l’heure du sommeil et faire une nuit plus longue serait-elle pertinente ? « C’est une fausse piste, estime la présidente du Centre du sommeil et de la vigilance ; la mélatonine, contrairement à une idée reçue, n’est pas une hormone du sommeil, mais un synchronisateur de l’horloge circadienne qui envoie au cerveau un signal : il fait nuit. Et si on l’administre à mauvais escient, on risque d’aboutir à un effet inverse et de dérégler davantage l’horloge ». Aucune étude à ce jour ne valide cette option thérapeutique qui ne fait pas l’objet d’un consensus.

Le message à transmettre aux patients est celui d’anticiper le changement d’heure, recommande le Dr Damien Davenne : « Pendant la semaine qui précède, il faut régler ses temps de sommeil, ses heures de lever et de coucher ainsi que ses heures de repas pour avancer l’heure avec la dette de sommeil la plus limitée possible. Et dans la semaine qui suit, il est préférable de mettre toutes les chances de son côté en déprogrammant dans la mesure du possible tout examen ou épreuve nécessitant la pleine possession de sa vigilance. »

« Quant à la stratégie de la grasse matinée dominicale, souvent évoquée, elle est illusoire car sans effet sur la resynchronisation. »

« Ce sont surtout les enfants qui pâtissent du syndrome du lundi matin suivant le changement d’heure, insiste Claire Lecomte, professeur de psychologie, auteure de « Des rythmes de vie aux rythmes scolaires » (Presses universitaires du Septentrion). Ils sont les plus exposés à l’effet jet-lag et souffrent beaucoup de manque de sommeil. Pour eux, la solution n’est ni médicale, ni scolaire, mais familiale : c’est aux parents de veiller à la bonne heure du coucher et de couper les écrans (smartphones, tablettes et télés) dont la lumière bleue pollue de plus en plus tard la nuit des enfants. »


Source : Le Quotidien du médecin: 9647