Plasticité réciproque

Une vision globale à intégrer dans la rééducation

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Publié le 13/10/2016
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VISION

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Crédit photo : PHANIE

De nombreuses données scientifiques montrent que la plasticité ne se limite pas à l’organe lésé mais concerne tous les autres organes participants à la fonction, déterminant un modèle plus global où dialoguent en permanence les phénomènes périphériques et centraux comme le montrent diverses situations cliniques.

Après un AVC

Ainsi, après un accident vasculaire cérébral (AVC), la perte musculaire s’intrique avec le défaut de commande motrice initial et avec l’alitement mais est susceptible d’évoluer de façon autonome avec un muscle atrophié et remodelé qu’il faut renforcer. La rééducation doit non seulement solliciter la plasticité cérébrale mais aussi prendre en charge le remodelage musculaire périphérique avec des techniques de renforcement musculaires adaptées à ces patients, contrairement à ce qui a été longtemps enseigné.

Amputation, algodystrophie 

Inversement, après une amputation les remodelages cérébraux secondaires à ces lésions périphériques devront être intégrés dans la rééducation, en particulier dans le cadre des douleurs fantômes où il s’avère essentiel de comprendre la fonction motrice résiduelle liée au membre fantôme. Autre situation illustrant parfaitement cette notion, l’algodystrophie chronique ou syndrome douloureux régional complexe (SDRC) pour lequel on sait maintenant que les déficits moteurs ou sensitifs chroniques dépassent les lésions périphériques et trouvent leur explication dans une plasticité maladaptative au niveau du cerveau ou de la moelle épinière. D’où le recours à la thérapie miroir pour traiter les SDRC par exemple.

« L’enjeu de ces sessions sur la plasticité réciproque est de faire prendre conscience à la communauté de rééducation la nécessité d’adopter une vision globale de ces phénomènes, que nous disposons de techniques de rééducation pour y faire face, mais à condition d’avoir établi le diagnostic de ces plasticités distantes le plus tôt possible », conclut le Pr Giraux.

D’après un entretien avec le Pr Pascal Giraux, CHU Saint-Étienne

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9525