Ticagrelor

What’s new à l’ESC ?

Publié le 12/10/2015
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Dans ATLANTIC-H24, étude internationale incluant 1 862 patients, l’administration d’une dose de charge de ticagrelor en pré-hospitalier n’améliore pas la reperfusion coronaire des infarctus du myocarde avec élevation du segment ST (STEMI) avant la procédure par rapport à l’administration au cath lab, mais réduit significativement les événements cardiovasculaires majeurs - décès, infarctus du myocarde (IDM), thrombose de stent, accident vasculaire cérébral (AVC) ou revascularisation en urgence (10,4 vs 13,7 %, p = 0,038) dans les 24 heures après angioplastie (percutaneous coronary intervention [PCI]) sans augmentation des saignements. « L’absence d’effet sur la reperfusion de l’administration hospitalière pourrait s’expliquer par la courte durée du transfert, soit 31 minutes », explique le Pr Gilles Montalescot (La Pitié-Salpêtrière).

Spécificités françaises

Autre enseignement d’ATLANTIC, les caractéristiques du sous-groupe des patients français (35 % de la population de l’étude), par rapport aux autres pays: un taux plus élevé d’abord radial (89,9 vs 54,8 %, p ‹ 0,0001), le recours plus fréquent aux anti-GPIIb/IIIa (14,1 vs 3,1 %, p ‹ 0,0001) et à l’enoxaparine IV (57,3 vs 10,1 %, p ‹ 0,0001). Le groupe recevant le ticagrelor en préhospitalier a un meilleur TIMI3 flow après PCI (83 vs 76 %, p = 0,055) et les événements du critère primaire sont de 2,8 % avec l’administration préhospitalière du ticagrelor vs 3,9 % (p = 0.40) en France pour respectivement 5,5 et 4,7 % dans les autres pays. « Le taux de décès de toute cause était très bas dans les deux groupes (1,5 et 1,2 %) et moindre que dans les autres pays (4,3 et 2,4 %). Le taux d’accidents hémorragique tend aussi à être plus bas », se félicite le Pr Guillaume Cayla (CHU de Nîmes)

Une sous-étude de PEGASUS s’intéresse à la prolongation de la bithérapie antiplaquettaire au-delà d’un an après le SCA. Dans l’étude princeps (1) sur plus de 21 000 patients ayant un antécédent de SCA associé à un autre facteur de risque thrombotique l’association du ticagrelor 90 mg ou 60 mg 2 fois par jour réduisait à 3 ans de 15 % les événements du critère primaire (IDM, AVC, mortalité CV) par rapport à l’aspirine seule, avec toutefois un surcroît d’hémorragies majeures. L’analyse en sous-groupe souligne que la réintroduction du ticagrelor plus d’un an après le SCA est bénéfique lorsque l’inhibiteur du P2Y12 précédemment prescrit a été arrêté depuis moins de 30 jours, mais n’a aucun intérêt lorsque l’arrêt date de plus d’un an. « Ce qui pourrait inciter à prolonger la bithérapie chez les patients à haut risque ischémique mais risque hémorragique bas », conclut le Pr Nicolas Danchin (HEGP)

(1) Bonaca MP et al. NEJM 2015;372:1791-800

Dr Maïa Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du Médecin: 9440