Dans Nietzsche contre Foucault, Jacques Bouveresse reproche à ce dernier de se revendiquer du premier sur les questions du vrai et du faux, sans plus avoir comme l’avait tant fait Friedrich, tenté de distinguer le vrai de la connaissance du vrai. S’il est des connaissances vraies et des vérités connues, cela ne fait pas d’une connaissance une vérité et d’une vérité une connaissance.
J’ai cherché un exemple de connaissance qui n’est pas vraie et de vérité qui ne soit pas une connaissance et pourtant, sous un certain angle, les deux à la fois : le rêve !
Un des critères qui permet d’établir la vérité d’une assertion est qu’on ne peut lui opposer d’éléments contradictoires. Selon le critère de Popper, si une vérité est prétendue scientifique, elle sera falsifiable, c’est-à-dire que précisément on pourra lui opposer des éléments contradictoires, et sera d’autant plus « vraie », que le nombre d’arguments à lui opposer sera important (affirmer qu’une vache est blanche avec des taches noires ou noire avec des taches blanches sont deux « vérités » qui n’ont rien de scientifiques, car non falsifiables).
Une vérité contient, une partie ou un tout universalisable, valable donc en tous lieux et tout temps.
Le rêve est une connaissance car à n’en pas douter, le rêveur se souvient de son rêve, tout autant qu’il est capable de témoigner d’un fait divers dont il a été le témoin. Le rêve est une vérité (non scientifique) car il n’existe aucun élément contradictoire à lui opposer. Si la « réalité » d’un rêve est bien évidemment plus que contestable, sa vérité ne l’est pas, tout au plus sa connaissance, restituée à l’état vigile (les paroles sont « vraies » ; Les paroles d’un rêve sont divines quand elles sont claires et distinctes et qu’on peut voir celui qui les a prononcées. Maimonide… les décors sont « vrais », le casting est juste, la mise au point parfaitement ajustée, l’histoire est parfois tellement « vraie », qu’elle en devient parfois « réelle » et extirpe brutalement le rêveur lors d’un cauchemar).
Le rêve n’est pas une vérité car ne contient pas d’élément universalisable, (l’anathème de Platon les considérant comme Arraisonnable) même si des grands mythes ont tirés leur fondement des rêves (Céyx et Alcyone) et si Freud s’est évertué à y découvrir des éléments cryptés de valeurs universelles.
Le rêve n’est pas une connaissance car, à part chez les bushmen d’Australie qui se réunissent pour le dreamtime, avant de partir à la chasse et tenir compte des rêves de chacun d’entre eux afin d’adapter leurs stratégies, on ne peut utiliser les rêves comme une connaissance pratique ou théorique, quels qu’ils puissent être qualifiés de prémonitoires après coup.
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