Mais comment peut-on dans le monde entier avoir manqué de tant de lucidité ? Cette triste réalité coule, hélas, dans notre quotidien depuis le début de l’année 2020. Et pas un jour ne passe sans que nous puissions constater cette chose absolument consternante, ahurissante et surtout terriblement désolante : à aucun moment jusqu’ici, la pandémie n’a été vraiment gérée comme une pandémie !
Une pandémie concerne la terre entière. Il est évident que si on avait voulu espérer un résultat à la mesure de l’enjeu, deux impératifs étaient absolument essentiels : que tous les pays disposent de la même feuille de route ; et surtout qu’il y ait une simultanéité des actions inscrites sur cette dernière. Des erreurs ont été commises à plusieurs moments clefs.
Lenteur lors de son démarrage
Énorme première bourde, lourde de conséquences. Une pandémie ça se déclare au plus vite. Or, le moins qu’on puisse dire c’est que le démarrage n’a pas été des plus rapides. Probablement faut-il aller chercher les explications du côté de quelques servitudes paralysantes de nature politico-diplomatique.
Contrôles inopérants lors de son installation
Les aéroports ont constitué des portes d’entrée et qui plus est de véritables passoires pour ce virus. Février 2020, comment pouvait-on se contenter de prendre la température des passagers en provenance du foyer supposé, la ville chinoise de Wuhan ? La présence de fièvre entraînait une mise en isolement temporaire des cas supposés. Mais en agissant de la sorte, on n’interceptait évidemment qu’une partie des positifs, laissant entrer les formes asymptomatiques et les personnes alors en incubation qui passaient gentiment à côté du filet.
Ce sont ces sujets qui, à leur insu, ont amené l’épidémie sur les différents continents et en ont assuré la propagation. Comment la communauté scientifique, et l’OMS en tête ont-ils pu rester silencieux en observant ce mode opératoire qui se déroulait sous leurs yeux, à la télévision tous les jours ! Or, ce n’est que 12 mois après les premiers cas officiels, que l’on a commencé à songer à faire des contrôles. Et seulement le fait-on encore correctement à ce jour ?
Manque de coordination lors de sa propagation
On veut bien tout admettre, que c’était compliqué pour les décideurs, que la situation était inédite, mais on a peine à comprendre que dans une pandémie chaque pays ait voulu rester maître de sa politique sanitaire et libre de gérer ses affaires comme bon lui semblait. Or, depuis le début on assiste à une discordance totale des actions menées sur tous les continents et dans tous les pays. Chaque président ou responsable de gouvernement a géré la situation comme il avait la tête faite. Avec ses inquiétudes et ses convictions, avec son pif pourrait-on presque résumer, suivant les conseils scientifiques ou ne les suivant pas ; l’actualité récente vient encore de nous le démontrer.
Le masque n’était pas obligatoire pour la population. Curieusement, il l’est devenu un an plus tard tandis que le mode de transmission, on le sait depuis belle lurette, est intemporel !
Aujourd’hui, un pays est confiné, son voisin ne l’est pas encore, demain il le sera tandis que le premier en sortira. Dans un même État, on a confiné au nord, déconfiné au sud, fermé les écoles puis réouvertes puis refermées, institué un couvre-feu à 20h, puis à 18h, puis à 19h. Les grandes surfaces ont été fermées, puis ouvertes, puis de nouveau fermées.
Comment un orchestre symphonique peut-il produire une musique harmonieuse si chacun des musiciens qui le compose joue une partition improvisée et de surcroît quand bon lui semble ? C’est la cacophonie assurée. Et c’est ce qui se passe depuis de longs mois.
Une pandémie est une épidémie qui s’est étendue à tous les pays de la planète et son traitement ne peut que relever d’une action collective concertée et surtout simultanée. C’est à l’OMS et pas aux gouvernements, qu’il incombait de dicter, d’une voix forte, à l’intention de tous les pays, les premiers conseils préventifs, à imposer une feuille de route claire et précise lorsque la pandémie n’en était qu’à son début. Après, s’il y avait eu un chef d’État quelque part dans le monde assez charismatique pour prendre les choses en main, booster l’OMS et tout faire pour obtenir une quelconque cohésion autour d’un projet commun, pourquoi pas ?
On nous parle des indépendances nationales, des tensions politiques qui existent ça ou là. Mais basta tous ces prétextes, dès lors qu’ils peuvent constituer une entrave à une action collective justifiée et reconnue indispensable. Si le comportement des politiques représentait un handicap à la gestion de cette crise sanitaire, il fallait faire le constat de leur incapacité et passer la main aux autorités sanitaires. Si demain nous étions envahis par une armée d’extraterrestres, combien de temps mettrions-nous pour comprendre que seule l’union fait la force ?
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Exergue : C’est à l’OMS et pas aux gouvernements, qu’il incombait d'imposer une feuille de route claire et précise lorsque la pandémie n’en était qu’à son début
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