Après l’externat qui n’occupait que nos matinées à l’hôpital (rien de comparable avec les maltraitances qu’ils subissent aujourd’hui), j’ai été nommé interne en CHU en 1980, suite à un concours organisé par la direction régionale de santé (DRASS). Chaque hôpital évaluait en accord avec les chefs de service ses besoins propres. Le statut de l’interne mentionnait en toutes lettres « l’interne est à la disposition de son chef de service ». C’était une forme de soumission au travail mais non dénuée de compensations.
Les internes formaient une corporation extrêmement soudée. Leur nombre était limité aux seuls réels besoins des services de soin. Ils bénéficiaient d’un compagnonnage extrêmement bienveillant et solidaire de la part de leurs aînés. Malheureusement, certains patrons mandarins abusaient de leur pouvoir mais étaient connus pour cela et souvent raillés mais respectés.
L’interne avait en compensation de ses heures de travail le respect, le droit au couvert voire au logement. Soutenu par les plus anciens et les chefs de clinique et certains agrégés et patrons bienveillants, il bénéficiait d’une formation de qualité.
Vers 1984, la direction du concours d’internat est passée sous le joug du ministère des Universités. Peu à peu, les patrons hospitaliers n’ont plus eu leur mot à dire face à une administration tatillonne. Le concours d’internat est devenu national. La condition des internes et des externes s’est dégradée. Ils ont perdu le respect de leurs pairs. Et ils sont devenus les simples chevilles ouvrières d’un hôpital en déshérence. Ils ont perdu leurs avantages, sans compensations financières ni temps de repos.
La mainmise de l’administration sur la gouvernance et le fonctionnement de l’hôpital public, aggravée par l’instauration de la T2A et la loi Kouchner de 2002 ont porté le coup de grâce dont les externes et les internes, aux pieds de l’échelle des médecins hospitaliers, sont les premiers à faire les frais. En tant qu’ancien Interne qu’ils reçoivent tout mon soutien dans leurs actions.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux