L’exécutif a décidé dès la mi-janvier de vacciner les patients ayant plus de 75 ans ou ceux ayant une comorbidité spécifique (liste établie par le Comité Scientifique). Après quelques atermoiements liés au retard dans la mise en place du dispositif, de nombreuses structures ont été créées pour permettre à des patients dans les critères édictés par les autorités de recevoir les deux doses nécessaires.
Cependant, la dotation qui est finalisée par des calculs savants d’énarques parisiens est à l’origine de certaines déconvenues quant à la réduction du nombre de vaccins disponibles dans certaines unités. Cette situation, même si les politiques tentent de ne pas l’exprimer au grand jour est secondaire à un déficit en approvisionnement en vaccins.
Il est aisé de comprendre la situation « électrique » où, d’un côté, des patients entrant dans les critères souhaitent se faire vacciner, et de l’autre, des médias ne cessent de répéter que cette pandémie devient difficilement gérable avec des variants très contagieux.
Les indécis de la première heure sont devenus pour certains des volontaires très attachés à cette vaccination. Malheureusement, il est très difficile d’obtenir une place dans un centre du fait de la saturation des plateformes de rendez-vous ou d’un manque de disponibilité sur le site le plus proche du domicile du patient.
L’arrière du décor
Au-delà de cette situation générant un stress important, nous devons nous intéresser à l’organisation des structures dédiées à cette vaccination. De nombreux maires se sont investis pour mettre à la disposition des professionnels des locaux et du matériel informatique afin de proposer la création de centres vaccination permettant d’obtenir un maximum de garanties.
Bien entendu des « bonnes volontés » (maires) ne cessent de se manifester, mais en fait elles ne correspondent pas au maillage territorial voulu par les politiques et scientifiques. Aussi certains élus parfois frustrés jouent des coudes pour montrer, grâce aux médias, leur volonté d’implication dans la lutte contre le Covid-19. Ils n’hésitent pas à mettre en scène le transport des patients ayant des problèmes d’autonomie pour aller vers ces centres. D’autres jouent des coudes pour avoir des places réservées pour les administrés ; places réservées de manière parfois contestable.
Au-delà de cet enjeu politique qui permet de montrer son propre investissement, nous ne pouvons que féliciter les responsables médicaux de ces unités. C’est en travaillant à leurs côtés (pour donner un coup de main dans ces centres de vaccination qui demandent le concours de médecins) que nous pouvons comprendre la difficulté de leur travail. Ils doivent composer avec les ARS qui donnent des directives (nombre de doses, et type de patients à vacciner), mais aussi avec les édiles locaux qui, au détriment du bien public, souhaitent faire prévaloir celui de leurs administrés.
Cependant nos confrères en charge de cette difficile mission arrivent à concilier avec brio et parfois certains renoncements à des situations pas nécessairement justes. À ce titre, je souhaite remercier le Dr Alquier qui arrive contre vents et marées à gérer d’une main de maître les deux centres d’Argelès sur mer et de Saint Cyprien (66).
La gestion de la vaccination doit être avant tout l’affaire des médecins et pas des politiques ! Ce parasitage politique est dérangeant, et risque de provoquer des contestations tout à fait justifiées.
« Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout ». Machiavel Nicolas.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.
Certains élus jouent des coudes pour avoir des places réservées pour leurs administrés
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux