Médecin Urgentiste pendant plus de 35 ans, dont 15 années (1980 à 1995) en tant que médecin régulateur et d’intervention dans un Samu-Centre 15 (qui régulait régulièrement nombre de secours en pleine mer…), je suis « télé-médecin » de plateforme depuis plus de sept ans… À la retraite depuis maintenant deux ans, je continue cet exercice télé-médical, passionnant, novateur, efficient et source d’optimisation de la prise en charge de l’ensemble de nos patients, délaissés et « désertifiés » par nombre de décisions politico-administratives, universitaires ou ordinales…
L’argumentaire de ma consœur Me Sylvaine Le Liboux (cf. « De la sous-médecine ! » : la charge d'une généraliste contre les bornes de téléconsultation », lequotidiendumedecin.fr 9/10/2021) me fait sourire, mais surtout, m’attriste… Réduire la télémédecine à une simple borne ou cabine de téléconsultation ne me semble pas pertinent et surtout dénué de toute vision novatrice… Pour moi, la « bonne médecine », c’est 80 % d’interrogatoire et de compétence, et 20 % d’un examen présentiel qui permet de vérifier ces « 80 %. Pour moi, faire de la bonne médecine, c’est cela. Après plusieurs années d’expérience, examiner correctement un tympan, ne me semble pas indispensable pour « entendre » la douleur d’un patient… La médecine, ce n’est pas ça… Une cystite, c’est jusqu’à preuve du contraire, « une pyélonéphrite » ? Une angine « anormale », « ça peut aussi être un phlegmon » ? Etc. De toutes ces fausses affirmations, chère consœur, jusqu’à preuve du contraire, la réelle « Sous-Médecine », c’est celle qui ne sait pas appréhender correctement la « plainte réelle » de son patient, conditionnée par un interrogatoire pertinent…
Certaines réactions de lecteurs internautes parlent de la gestion des Urgences cardiologiques en télémédecine. Sachez que depuis les années 1980, les cardiologues israéliens assurent cela grâce à la télémédecine. Personnellement, j’ai eu à gérer de telles « urgences » chez des expatriés (Mexique, Thaïlande), alors qu’ils avaient été examinés en présentiel par des médecins locaux.
Ce n’est pas la consultation en présentiel qui assure la compétence, c’est simplement la compétence et l’expérience du praticien. Plateforme ou pas plateforme… Les « cabines ou bornes » n’étant que des moyens ne pouvant pas remplacer la compétence, l’expérience ou l’intelligence.
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