Dans sa lettre de candidature au congrès du parti Les Républicains, cette petite-fille d'un psychiatre et d'une pédiatre déclarait souhaiter « l'égal accès » aux soins de tous les Français, développer le plan cancer et la prise en charge de la santé mentale.
L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy (Enseignement supérieur puis Budget) envisage de supprimer 200 000 postes de fonctionnaires. Le secteur de la santé, sauf les administratifs, serait épargné car elle ambitionne de « former et recruter » 25 000 soignants hospitaliers supplémentaires sur le mandat et diminuer la charge administrative. Elle se déclare « très préoccupée par l'épuisement des soignants » et envisage un « droit au logement prioritaire » pour certains personnels de santé de première ligne comme les paramédicaux qui sont trop éloignés de leur établissement . Elle veut aussi proposer des logements aidés pour certains soignants ; Mais où et comment les trouver ?
Elle semble tenir compte des erreurs du passé, en particulier les excès des ordonnances Juppé et les erreurs de la loi Bachelot, avec un numerus clausus trop serré. Cette énarque accuse, à juste titre, Emmanuel Macron d'avoir « cramé la caisse ». Pour réussir, elle centre son programme santé sur la dé-bureaucratisation, la décentralisation, la régionalisation et la fin des 35 heures en défiscalisant les heures supplémentaires.
Pour la gouvernance hospitalière, elle veut donner plus de liberté et de responsabilité aux médecins chefs de service sur les investissements et les recrutements. Elle souhaite alléger toutes les contraintes bureaucratiques à l'hôpital car elles génèrent « trop de coûts administratifs » au détriment des soins. Elle juge au passage que le Ségur de la santé a été insuffisant pour l'attractivité des carrières. Elle a raison car les budgets auraient dû se consacrer aux soignants.
Valérie Pécresse a capitalisé sur son expérience à la tête de la première région de France. Elle avait en particulier créé des lits éphémères de réanimation pour pallier les insuffisances de l'AP-HP lors de la pandémie. Présidente de la région Île-de-France, elle souhaite que les régions reprennent la main sur les agences régionales de santé (ARS). Aura-t-elle l'audace d'aller plus loin ? Elle n'a pas précisé si elle veut simplifier les strates ou supprimer les agences : ARS, GHT, GHU et les pôles structures qui paralysent les soins.
Selon elle, les missions de service public des cliniques seront « mieux reconnues ». L'obligation de garde des médecins n'a pas été évoquée à ce stade pour désengorger les urgences.
Pour résorber les déserts médicaux, elle prévoit de créer « davantage de maisons de santé » dans les territoires fragiles, une stratégie qu'elle a portée en Île-de-France. Lors du troisième débat télévisé, elle s'était déclarée « séduite » par une mesure proposée par Philippe Juvin pour combattre la désertification médicale. Elle veut reprendre son idée de 3 500 généralistes docteurs juniors qui iraient exercer dans les maisons de proximité à la sortie de leur internat… Cette solution serait bonne si la réforme du 2e cycle des études de médecine permettait en augmentant les stages en ville de raccourcir d'un an le cursus de médecine générale. C'était le cas dans le passé grâce aux concours.
"Nous devons créer un nouveau partenariat équilibré entre l’État, les collectivités territoriales et les communautés des territoires de santé autour d’un projet de santé collectif." C’est valable également à l’intérieur des hôpitaux, où il faut réduire le poids des services administratifs (plus de 34 % des personnels hospitaliers) et rendre l’autonomie aux médecins pour qu’ils puissent embaucher du personnel, acheter des équipements nécessaires rapidement, ce qu’a permis de faire, pendant un temps, la crise de la Covid dont l’urgence a réduit, comme par magie, les procédures rappelle-t-elle. La technocratie pléthorique ralentit la prise de décision, comme l’a prouvé la première vague de la pandémie. Les médecins hospitaliers ont temporairement repris leur pouvoir organisationnel, pouvant ainsi s’adapter à l’urgence.
Valérie Pécresse a raison : la bureaucratisation de l’hôpital public n’est pas une fatalité. Pour preuve, l’hôpital de Valenciennes a expérimenté depuis dix ans une gestion décentralisée et horizontale et compte seulement 5 % de personnel non médical, déléguant 80 à 90 % du budget aux chefs de pôle, qui peuvent ainsi recruter des personnels et acheter des équipements rapidement en fonction des besoins des services.
En conclusion, la candidate semble avoir compris les erreurs du passé. Elle devrait, si elle écoute les conseils des médecins, au premier plan desquels, le Pr Philippe Juvin, réussir à convaincre les médecins qui s'étaient détournés des Républicains car ils se sentaient trahis. La santé se meurt ; il serait temps de la sauver par des mesures fortes.
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