Courrier des lecteurs

Le rôle central de l'éducation pour éviter la déliquescence de la société

Publié le 03/09/2021

De nombreux faits divers nous démontrent que certains fonctionnaires ou agents territoriaux (policiers, pompiers, personnels des hôpitaux, agents de la CAF), mais aussi d’autres professions (infirmières, médecins) sont pris pour cible par de petits délinquants. Ces différents professionnels œuvrent pour aider nos concitoyens, et malgré cela ils sont régulièrement menacés verbalement ou physiquement.

Le plus triste est de voir que ces manifestations de violences se déroulent dans des banlieues ou des quartiers où vivent des Français qui ont un respect des valeurs de la République mais qui doivent accepter ce changement de paradigme.

L’exécutif dans ces situations prend en compte rapidement la gravité de ces faits « intolérables » en allant le plus souvent avec les médias au chevet des familles ou des personnels agressés. Des marches blanches sont organisées, et des allocutions émouvantes sont prononcées par les politiques. Cependant, après ces démonstrations compassionnelles, rien ne change et la vie reprend sans que des modifications profondes au sein de la société n’interviennent. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ces critiques faciles et souvent peu constructives, cela sans véritablement proposer des solutions.

En fait si nous voulons être efficaces dans notre lutte contre l’ensauvagement (la progression d’une dérive anarchique serait plus juste) de notre pays, il faut travailler en amont.

L’enseignement, fondement des valeurs

Pour ce faire, il est fondamental de nous axer sur un des piliers de notre société : l’école. C’est grâce à l’éducation qu’il sera possible de changer les mentalités des Français. L’instituteur (on lui donne maintenant le titre pompeux de professeur des écoles) doit jouer un rôle majeur afin d’assurer une intégration de la totalité de nos concitoyens.

Pour ce faire, on doit lui donner les possibilités d’enseigner de manière correcte en sanctionnant et punissant les élèves récalcitrants ou ceux qui ont la volonté de mettre le système scolaire à genou. Les enseignants doivent être écoutés par leur hiérarchie, et toute direction d’école primaire ou même secondaire ne doit pas fermer les yeux sur un comportement qui a pour conséquence de bafouer les règles de la République.

Leur rémunération doit être à la hauteur de leur tâche. Dans les zones difficiles, il est fondamental de ne pas envoyer les jeunes recrues, et inciter les plus âgés qui sont les plus aguerris à venir sur ce terrain.

Nous ne devons pas oublier que les enseignants sont, au même titre que les pompiers ou les professionnels de santé, les piliers de notre nation. Au début du XXe siècle, les instituteurs étaient les hussards de la République qui avaient pour but de transmettre le savoir et les valeurs de la France.

Aussi est-il important qu’ils s’investissent tout autant que les autres professionnels qui pour certains (médecins par exemple) n’ont pas hésité à prendre des risques au début de la pandémie ; certains ayant perdu la vie en portant assistance à nos concitoyens. Nous devons tous être solidaires, et montrer que nous avons un rôle à jouer.

Jean Michel Blanquer met en avant les risques d’un décrochage scolaire des enfants n’ayant pas l’équipement informatique adéquat. Je partage son inquiétude. D’autant que les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain.

Ne serait-il pas possible, dans ce contexte, de demander aux enseignants volontaires, mais aussi à ceux qui sont à la retraite (de nombreux médecins retraités se sont bien mobilisés pour la vaccination des Français), leur intervention pour revoir avec les élèves les plus en retard le programme durant l’été ? C’est en agissant de cette manière, et rapidement (les « décrocheurs » doivent être pris en charge dans les mois qui viennent), que nous pourrons bâtir une société juste et éviter une montée de l’extrémisme.

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Dr Pierre Frances, médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin