Depuis quelques semaines les médias ne cessent de répéter inlassablement que l’installation des médecins devrait être régulée, car cela permettrait une prise en charge de populations délaissées. De nombreuses solutions ont été proposées pour venir à bout à ce dogme de liberté d’installation, mais aucune ne semble satisfaisante.
En effet derrière cette pénurie ressentie comme étant très inquiétante (elle a été voulue par les différents présidents en poste depuis plus de 20 ans) aucun politique n’a le courage ou la volonté de venir discuter avec la base (médecins installés et étudiants en médecine).
Actuellement, les oasis de soins pour les patients demeurent rares, et de nombreuses villes ont de réelles difficultés pour avoir un nombre suffisant de praticiens.
Une réalité trop souvent négligée
On parle souvent des citoyens des zones rurales qui doivent faire des kilomètres pour trouver un médecin. Cependant on oublie une frange de la population : celles des banlieues.
Ainsi, il y a quelques jours de cela, un confrère qui travaillait pour SOS médecin sur Toulon a été agressé. Les conséquences ont été immédiates : l’absence de couverture en soins au niveau de la zone de Pont du Las (banlieue sensible. En effet, SOS médecin a décidé de ne plus intervenir dans ce secteur devenu trop dangereux. Cet évènement n’a été que très peu relaté dans la presse, et il fait suite à des situations similaires dans d’autres quartiers sensibles français dont on ne parle que très rarement.
Cette situation est préjudiciable pour certains patients qui ne pourront plus recevoir des soins. Une partie vit dans la précarité et n'a pas d’autre choix que d’habiter dans ces zones de non droit. Comme nous l’a dit le Dr Martial Olivier Koehret, ce sont des contribuables français qui ont prépayé leurs soins. Or nous ne pouvons plus leur garantir une médecine de qualité car les pouvoirs publics sont dans l’incapacité de faire régner la loi.
Comment est-il possible de mener le débat sur la liberté d’installation, alors que l’État n’arrive pas à assurer la sécurité des praticiens qui assurent la continuité des soins ? Est-il raisonnable dans le futur de contraindre des jeunes confrères à venir dans des banlieues non sécurisées, en sachant les risques qu’ils vont prendre, sans réelle considération de la part de la population ? Les médecins ne sont pas là pour prendre des risques pour assurer des soins dans des quartiers sensibles, alors même que les forces de l’ordre n’y font plus appliquer les lois de la République.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Appendicite et antibiotiques
La « foire à la saucisse » vraiment ?
Revoir la durée des études de médecine
Réformer l’Internat et les hôpitaux