Notre ex et éphémère ministre de la Santé s’est clairement prononcée en faveur de l’euthanasie, et son souhait de légiférer rapidement sur ce sujet. Cette pratique, maintes fois critiquée risque d’être une alternative pour certains patients dans un futur proche.
De nombreuses situations très fortement médiatisées ont été à l’origine de cette prise de position de la ministre de la Santé. De plus, de nombreux journalistes ne cessent de mettre en lumière la satisfaction de certains médecins qui œuvrent en Belgique ou en Suisse pour que la fin de vie de certains patients soit abrégée de cette manière.
Des débats passionnels menés par des patients très revendicatifs sur ce sujet, et militants, majorent la pression sur la réalisation éventuelle d’un projet de loi pour permettre de donner au corps médical le pouvoir d’euthanasier des patients.
Et les soins palliatifs, alors ?
Un article publié dans un hebdomadaire national, article qui n’a pas réellement provoqué de réactions positives ni négatives, a permis d’avoir sur la fin de vie une autre vision sur cette « problématique » : les soins palliatifs.
Une mise au point sur les avantages, mais aussi sur une vision très humaniste de cette activité a été bien développée par de nombreux acteurs spécialistes dans ce domaine (cas du Dr Fourcade).
Abréger la vie d’un patient est une responsabilité difficile, et d’autres alternatives peuvent éviter, avec tout le confort possible, de donner du sens à la fin de vie. Les soins palliatifs sont des pratiques que de nombreux médecins réalisent au sein de leur patientèle ou d’établissements (hôpitaux ou cliniques). Des lois, très bien ficelées par ailleurs, donnent une grande liberté et beaucoup d’humanisme lors de la réalisation des soins palliatifs.
On oublie souvent l’intérêt, et l’existence de cette manière de prendre en charge les patients en fin de vie pour plusieurs raisons :
- Le coût engendré par ces soins au sein des établissements qui ont des lits pour des patients en fin de vie. En effet, réaliser des soins palliatifs, c’est très chronophage pour le personnel qui doit évaluer de nombreux paramètres pour assurer le confort des patients (douleur, problèmes respiratoires digestifs…), personnel dont le ratio est plus important que dans une unité traditionnelle de soins
- Le fait que les médecins libéraux travaillent d’arrache pied pour prendre en charge un nombre de patients de plus en plus important. Dans ce contexte il est difficile pour ces praticiens de charger la mule, et leur implication n’est pas ou plus effective le plus souvent.
- L’existence d’équipes mobilisables à toute période du jour comme de la nuit pour assurer des soins palliatifs de qualité.
Cependant, nous ne devons pas oublier que pratiquer les soins palliatifs chez un patient à son domicile (je parle de mon cas) est l’essence même de notre fonction auprès des populations, que nous devons prendre en charge de la naissance jusqu’à la mort. En effet, nous sommes heureux de répondre aux attentes des familles et des patients pour que la fin de vie se déroule sans anicroche.
Néanmoins, outre le fait que cette pratique nécessite du temps, elle impose également une bonne collaboration avec les autres professionnels de santé. Aussi il me semble important, avant de se prononcer en faveur ou non de l’euthanasie, de promotionner et augmenter le budget de cette pratique qui ne doit pas être confidentielle.
Malheureusement, nous ne pouvons que remarquer que les pouvoirs publics (c’est la même chose pour les médias) restent muets en ce qui concerne un meilleur financement de cette pratique qui n’est que tristement peu développée en France. Les soins palliatifs ne sont pas une priorité pour l’exécutif qui préfère parler d’un autre sujet pour peut-être noyer le poisson ?
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