A partir de la mi-juin, nos politiques ont sciemment voulu montrer aux Français qu’il était d’intérêt public de vacciner les professionnels de santé. De manière subliminale, l’exécutif a donné au peuple la parole pour qu’il puisse s’exprimer sur cette obligation vaccinale. Dès lors, au mois de juillet, très heureux du mouvement de foule engendré par cette question d’obligation en ce qui concerne la vaccination, les pouvoirs publics ont décidé de légiférer et l’ont rendu obligatoire pour les professionnels de santé.
C’est ainsi qu’au 15 septembre les soignants n’ayant pas reçu leurs deux doses ont été contraints de cesser leur activité. En parallèle à cette décision concernant les professionnels de santé, nous devons prendre en compte les réactions parfois très arrêtées et parfois peu courtoises des patients et plus généralement de nos concitoyens. Certains n’hésitent pas à critiquer les soignants non vaccinés qu’ils jugent indignes d’avoir eu l’idée d’embrasser une profession qui doit préserver le patient en priorité.
Pour ces personnes, la vaccination est le seul rempart pour limiter la propagation virale, et, de ce fait, ils jugent qu’il n’est pas opportun de polémiquer sur ce sujet. Nous devons être vaccinés, un point c’est tout !
Par ailleurs, certains confrères ou collègues n’hésitent également pas à fustiger les récalcitrants à la vaccination anti-Covid-19 en expliquant ouvertement auprès de leurs patients mais aussi dans la presse le manque de discernement des professionnels de santé vaccino-sceptiques.
Pour d’autres, opposés à la vaccination, les médecins qui acceptent de vacciner les patients sont à la botte de l’exécutif. Non content de manifester vis-à-vis de l’obligation du pass sanitaire qui les contraint de réduire considérablement leurs sorties, une partie d’entre eux s’en prend directement aux cabinets médicaux de médecins « pro-vaccins », en apposant sur les murs des tags parfois insultants.
Cela conduit certains médecins à réfléchir, sur les difficultés de gérer cette pandémie, mais aussi les conséquences sur leur propre santé suite à ces actes diffamatoires. Le médecin n’est pas un citoyen ordinaire car il a pour rôle de préserver la santé de ses patients, cela en s’appuyant sur des recommandations, qu’elles soient professionnelles ou étatiques.
Une mémoire défaillante
Une nouvelle fois, les Français s’en prennent à des professionnels de terrain et ne mesurent pas l’implication de ces derniers dans la gestion de la Covid, cela dès la première heure. Les souvenirs s’estompent au fils des mois, et nos concitoyens oublient que la quasi-totalité des soignants a répondu présent par devoir pour assurer la continuité des soins auprès des patients.
Malgré les risques induits par cette présence sur le terrain (certains ont perdu par ailleurs la vie), ils ont un sens des valeurs inculqués par leurs ainés et un humanisme chevillé au corps. Aussi il est quelque peu dérangeant de voir que ceux qui ont félicité les professionnels de santé qui se sont démenés pour suivre de manière irréprochable leurs patients (sans masque au départ) sont souvent les mêmes qui, quelques mois plus tard, les interpellent en les insultant.
Sans vouloir polémiquer en ce qui concerne l’opportunité de la vaccination chez les soignants, nous ne pouvons qu’être très tristes de voir que nos politiques, avec la complicité de nombreux journalistes, nous ont discrédités aux yeux de la population.
De toute manière, un clivage entre professionnels de santé est observé entre les pros et les anti vax, clivage qui est accentué par les positions des ordres et des leaders syndicaux. Cette situation n’a-t-elle pas été voulue par l’exécutif qui va devoir régler la gestion épineuse de la pénurie médicale dans un avenir très proche ? En divisant les professionnels de santé, et en les épinglant de la sorte, ne donne-t-on pas plus de marge de manœuvre à notre ministre de tutelle pour régler les questions de démographie médicale ?
Arrêtons-nous une minute, et réfléchissons un peu sur l’importance de tous les soignants au sein de notre Société. Ne devons-nous pas être quelque peu remerciés pour notre engagement auprès de nos compatriotes, sachant que cette implication a pu nuire à notre propre santé du fait des risques pris et des réflexions parfois inopportunes et blessantes de certains concitoyens ?
« La honte atteint son point de perfection quand la lucidité nous découvre en plein notre propre avilissement » Bernanos Georges.
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