Repères patient

Contrôler les hémorroïdes

Publié le 24/04/2015
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La maladie hémorroïdaire est fréquente et bénigne mais ses symptômes (saignements, douleurs, prolapsus…), bien que sans gravité, sont gênants. L'objectif premier est de les contrôler plus que de contrôler l'anatomie.

J’EXPLIQUE

• Les hémorroïdes sont des structures complexes, essentiellement vasculaires, présentes à l'état normal, au niveau de l’anus. Leur localisation détermine le type et les symptômes. Les hémorroïdes externes sont situées sous la peau sous à la sortie de l'anus ; les internes se situant sous la muqueuse du canal anal. Suivant la pathologie, on parle de maladie hémorroïdaire interne, externe ou mixte lorsque les deux réseaux sont touchés.

• La maladie hémorroïdaire est volontiers chronique, avec des symptômes intermittents mais récidivants, d’évolution très variable d’un individu à l’autre et fluctuante chez un même sujet.

• Les poussées excessives lors de la défécation sont le facteur déclenchant essentiel?; rester trop longtemps sur le siège des toilettes favorise l’affection.

• L’âge joue aussi un rôle ; le tissu qui maintient en place la structure hémorroïdaire s’altère avec le temps entraînant une laxité des moyens de fixation.
 

J’INFORME

• La thrombose hémorroïdaire résulte de la formation d’un caillot au sein du plexus externe, au niveau de la marge anale et caractérise la maladie hémorroïdaire externe. La douleur, de survenue brutale, est permanente.

• Les hémorroïdes internes ne sont habituellement pas douloureuses ; elles se manifestent par leur mobilisation et leur extériorisation perçues par le patient comme la survenue d’une masse lors de la défécation : c’est le prolapsus. Elles saignent parfois pouvant entraîner une gêne ou des suintements.

• La « crise » hémorroïdaire correspond à une poussée congestive dont le substratum anatomique reste imprécis ou à des phénomènes de thrombose.

• Le saignement hémorroïdaire, issu des hémorroïdes internes, est rythmé par la défécation, rouge vif, séparé des selles et s’écoulant le plus souvent tout de suite après l’exonération, pouvant inonder la cuvette des toilettes.

• La maladie hémorroïdaire interne est classée en quatre grades, le grade III correspondant à un prolapsus lors de la défécation nécessitant une réintégration manuelle et le grade IV à un prolapsus irréductible.
 

JE PRESCRIS

• Avant tout, et toujours, un traitement médical pour une régularisation du transit intestinal sur le long cours ; il est essentiel d’éviter tout trouble de la défécation, celle-ci devant être aisée.

• En cas d’épisode aigu, un antalgique (aspirine exceptée), un AINS per os en cas de thrombose, associés à un phlébotrope en cure courte (dont les flavonoïdes) ou à un topique anti-inflammatoire à base de cortisone, soit les deux combinés.

• Une excision du thrombus en cas de thrombose externe très douloureuse et bien individualisée ; le geste est simple et rapide.

• En cas de maladie hémorroïdaire interne chronique symptomatique, des méthodes « instrumentales », effectuées en consultation à travers l’anuscope, ont pour objectif de repositionner le paquet hémorroïdaire dans le canal anal et de le fixer au plan musculaire sous-jacent. Il existe plusieurs méthodes : sclérose par injection de chlorhydrate de quinine-urée, cicatrice d’une inflammation thermique (cryothérapie, infrarouge), cicatrisation d’une ischémie (ligature élastique). La ligature élastique consiste à placer un anneau de caoutchouc étranglant la muqueuse au-dessus du paquet hémorroïdaire.

• Un traitement chirurgical dans 5 à 10 % des cas, c'est-à-dire dans le grade IV et en cas d’échec des autres traitements dans les grade III. Elle tend à être réalisée désormais en ambulatoire. L’intervention de Milligan et Morgan (ablation des plexus hémorroïdaires internes et externes), est très efficace mais nécessite des soins post-opératoires et la prise d’antalgiques majeurs. Les techniques mini-invasives, moins douloureuses, s'adressent aux formes internes prédominantes: intervention de Longo et HAL RAR (ligature artérielle sous contrôle Doppler).
 

J’ALERTE

• Surtout éviter la constipation. Pour cela augmenter les fibres (fruits frais, légumes feuillus, céréales…) et avoir une activité sportive.

• Toujours se méfier de la possibilité d’un saignement d’une autre origine (néoplasie sus-jacente) même si l’examen clinique affirme l’origine d’un saignement par l’anus, et prévoir une coloscopie selon le contexte (âge, antécédents).

• Éviter le renouvellement cyclique de traitements médicaux qui peuvent être efficacement complétés par un traitement instrumental local voire une chirurgie.
 

JE RENVOIE SUR LE WEB

 


Source : Le Généraliste: 2719