Parce qu’en EHPAD, 0,3% des résidents décèdent d’une gastro-entérite aiguë (GEA), que 40% d’entre eux en sont atteints à la fin de la vague épidémique, cette pathologie infectieuse est une hantise des institutions pour personnes âgées. Pour ces raisons notamment, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) s’est autosaisi du sujet et a publié en 2010 des recommandations sur la conduite à tenir lors de la survenue d’un ou plusieurs cas de gastro-entérites chez des personnes âgées en Ehpad (1).
› L’enjeu de la prise en charge de cette affection est double, individuel et collectif. En effet, les résidents présentent une vulnérabilité aux infections intestinales qui s’explique par leur fragilité propre mais aussi par des facteurs liés à l’institution du fait du nombre important de résidents vivant en promiscuité. Une revue de la littérature internationale a montré que 69% de ces épisodes de GEA étaient d’origine virale.
› Les sujets âgés sont très exposés à ce type de pathologies en raison de leurs polypathologies, polymédications, dénutrition… mais aussi en raison de facteurs propres aggravants comme la diminution de l’acidité gastrique, du péristaltisme intestinal (diabète, Parkinson…), la modification de la flore intestinale liée au mauvais état bucco-dentaire ou à la prise fréquente d’antibiotiques.
› Devant une GEA, les éléments à prendre en compte sont la fréquence et la consistance des selles, le volume, la présence de pus et/ou de sang. Les facteurs de gravité sont l’altération de l’état général, une fièvre ›38,5°C, une polypnée, des signes de septicémie, une défense abdominale, un état confusionnel aigu, des troubles de conscience, une déshydratation ou un syndrome dysentérique. La présence d’un de ces signes impose une hospitalisation ; de même lorsque les soins requis et une surveillance pluriquotidienne du patient ne peuvent pas être assurés dans l’Ehpad ou, secondairement, lorsque l’évolution n’est pas favorable ou en cas de complication.
Le traitement repose sur la prévention et la correction des pertes hydro-électolytiques avec recours éventuel aux solutés de réhydratation orale. On estime que la quantité totale de liquide à administrer sur 24 heures doit prendre en compte les pertes liées à la diarrhée, soit 200 ml par selle liquide. à noter qu’un rapport urée/créatinine ›10 témoigne d’une insuffisance rénale fonctionnelle et, donc, de la gravité de la déshydratation. Un traitement symptomatique doit être entrepris et le maintien en apports protéino-caloriques assuré. Une antibiothérapie ne doit être envisagée que si une infection bactérienne (rare) est suspectée et uniquement en cas de syndrome dysentérique, de signes de gravité, de fièvre élevée ou d’évolution supérieure à trois jours. Et seulement après la réalisation d’une coproculture.
› Collectivement, la conduite à tenir repose sur la recherche d’autres cas pour savoir si cette diarrhée est le premier cas d’une épidémie ou non. Toutes les mesures d’isolement du malade, de la prévention de la transmission manuportée et de déclaration doivent être prises dans le cadre d’une cellule de crise qui doit comprendre au moins le directeur de l’Ehpad, le médecin coordonateur et un « référent épidémie » (le médecin coordonnateur, le directeur de l’établissement, la surveillante, une infirmière).
1- HCSP. 29 janvier 2010.
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique