LA CANICULE RESTE MEURTRIÈRE AU FIL DES ANS

Publié le 10/05/2019
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Un rapport de Santé publique France propose une évaluation détaillée de la surmortalité observée pendant les canicules des étés 2006 et 2015 en harmonisant la méthode d’analyse à partir des données exhaustives de décès fournies par l’Insee (1).

Les étés 2006 et 2015 ont été les plus chauds après l’épisode exceptionnel et mémorable de 2003. Rappelons que cette année là, l’excès de mortalité se chiffrait à 15 000 personnes. Les auteurs avertissent que « les évaluations prennent uniquement en compte les départements concernés par la canicule et les périodes exactes de jours de canicule pour chacun de ces départements », ce qui peut donner des résultats différents par rapport aux évaluations précédentes.

En 2006, sur les deux canicules observées, 11 494 décès ont été recensés, dont 1 048 décès en excès, soit une augmentation de 10 % de la mortalité. En 2015, sur l’ensemble des quatre épisodes de canicule observés, 11 636 décès ont été constatés, dont 1 722 décès excédentaires, soit une augmentation de plus de 17 % de la mortalité. Sur l’ensemble des quatre épisodes de canicule, on observe 767 décès en excès chez les hommes, soit une augmentation de plus de 15 % de la mortalité et 955 décès en excès chez les femmes (+ 20 %). Cette surmortalité féminine se retrouve au cours des quatre canicules.

→ Quels que soient le sexe des personnes exposées et le niveau de canicule, sur l’ensemble des épisodes de surchauffe, les excès de décès s’observent majoritairement dans les classes d’âge élevées, et ce dès 45 ans. Au cours de l'été 2015 par exemple, chez les 45-74 ans, les décès en excès sont de 491 (+12 %). Chez les 75 ans et plus, le surplus de décès s'est élevé à 1 234, soit une augmentation de près de 23 % de la mortalité.

→ En 2006, les départements avec le plus fort excès de décès sont situés dans le nord-est, la côte Aquitaine et la vallée du Rhône. Selon la canicule, l’impact le plus élevé a affecté le Vaucluse pour le premier épisode, avec une hausse de la mortalité de 45 % et les Pyrénées-Orientales dans le second épisode avec une surmortalité de 41 %. En 2015, l’impact le plus élevé a été observé en Haute-Saône pour la première canicule avec une hausse de la mortalité de 68 %, dans le Jura pour la deuxième canicule avec 31 %, dans le Territoire de Belfort pour la troisième canicule avec 84 % et dans le Rhône pour la quatrième canicule avec 15 %.

→ Au total, les résultats de ce rapport montrent une persistance du risque sanitaire lié à la chaleur depuis la canicule de 2003. Les retombées observées en 2006 et 2015 soulignent l’importance des mesures de prévention mises en œuvre depuis 2004 et l'instauration du Plan national canicule.

→ À titre prospectif, les auteurs mentionnent qu’un été comme celui de 2003 pourrait devenir la norme à la fin du siècle. Aux températures les plus extrêmes, une population plus large que les personnes habituellement les plus vulnérables à la chaleur pourrait être impactée.

1- Ung A, Corso M, Pascal M, P, et al. Évaluation de la surmortalité pendant les canicules des étés 2006 et 2015 en France métropolitaine. Saint-Maurice, Santé publique France, 2019. 47 p.

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr