Health data hub : les projets de deux médecins pour aider les transplantés rénaux et insuffisants cardiaques

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Publié le 13/01/2020
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Créé en avril mais officiellement lancé le 30 novembre, le Health data hub (HDH), la plus grande plateforme de données de santé française, suit depuis six mois une dizaine de projets émanant de start-up, d'entreprises ou du monde de la recherche.

Public et à but non lucratif, ce centre a pour vocation d'organiser, de centraliser et de mettre à disposition des acteurs intéressés « le patrimoine des données » de santé des Français à des fins de recherche ou de développement d'algorithmes. 

Neuf équipes ont déposé des demandes d'autorisation d'accès au Hub pour conduire cette année leur étude des données. La majorité des programmes se concentre sur l'amélioration de la prise en charge des patients en affinant certains traitements anticancéreux (comme le projet Deepsarc, qui vise à déterminer le schéma thérapeutique le plus pertinent pour les malades atteints de sarcome) ou en optimisant le parcours de soins. Seconde tendance : les outils à destination des praticiens pour déceler les interactions médicamenteuses ou déclarer les effets indésirables. 

Aide précieuse

Parmi les projets sélectionnés, Rexetris, porté par le Pr Pierre Marquet, chef du service de pharmacologie, toxicologie et pharmacovigilance du CHU de Limoges. Le praticien souhaite mesurer l’impact à long terme de l’exposition aux médicaments immunosuppresseurs des patients greffés rénaux. « Ces dernières années, j'ai observé une diminution de survie des greffons probablement liés aux donneurs et receveurs plus âgés », explique-t-il. Conséquences : les patients retournent plus rapidement à la dialyse, certains bénéficient d'une seconde, parfois même d'une troisième transplantation. L'étude vise donc également à trouver une nouvelle stratégie pour améliorer la survie des greffons et éviter les retransplantations.

Le Pr Marquet va croiser à cet effet les données de 40 000 cas de patients transplantés rénaux depuis 2005 (qui proviennent de la base Cristal, partagée par l'Agence de biomédecine) avec la base ABIS du CHU de Limoges – qui réunit les données pharmacologiques de plus de 22 000 patients transplantés rénaux. Une base de l'assurance-maladie complétera les données Cristal. À terme, des données de télésurveillance de patients greffés seront ajoutées. Le Hub apporte une aide précieuse « dans la coordination des équipes et la mise en place de tous les outils réglementaires, informatiques et statistiques pour mener le projet », se réjouit le Pr Marquet. Les résultats sont attendus en 2022.

Portée universelle

Un second projet, Hydro, ambitionne de prévenir les crises d’insuffisance cardiaque pour les patients porteurs de pacemakers/défibrillateurs grâce à l’analyse des données de télésuivi par intelligence artificielle. « J'ai voulu développer un algorithme, mais je manquais de données. J'ai créé Implicity pour récupérer les données des cinq fabricants mondiaux de pacemakers », raconte le Dr Arnaud Rosier, cardiologue et président d'Implicity.

La société possède les data d'environ 15 000 patients : fréquence cardiaque et respiratoire, troubles du rythme, résistance intrathoracique, etc. Manquait des informations relatives à leur dates d'hospitalisation. C'est la clé qu'apporte le Hub au projet du Dr Rosier, en donnant accès aux données médico-économiques et d'hospitalisation du SNDS [Système national des données de santé – bases SNIIRAM, PMSI, CépiDC pour les causes médicales de décès…] afin d’entraîner des modèles prédictifs. Le cardiologue apprécie la portée universelle de l'aventure : « Manier de la donnée est un travail exigeant. On sent que l'on pose des jalons qui ne serviront pas qu'à nous mais, à l'avenir, aux autres ».

S.M.

Source : Le Quotidien du médecin