« Intensification du travail journalier, dépassements très fréquents des horaires de fin de programme opératoire, forte contrainte de la permanence des soins… » Le Syndicat national des praticiens hospitaliers des anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) dénonce les conditions de travail de plus en plus difficiles de ses confrères.
S'agaçant de l'inertie de la direction de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour renforcer l'attractivité des carrières dans la spécialité, il menace désormais de déposer un préavis de grève pour le 1er juin 2016 si de nouvelles négociations ne s'ouvrent pas rapidement avec la direction du plus grand CHU de France.
« Nous demandons que le temps de travail soit correctement rémunéré, juste et applicable à tout le monde », explique le Dr Yves Rébufat, président du syndicat au « Quotidien ».
Dans une lettre adressée le 4 mai à l'AP-HP, le SNPHAR-E presse Martin Hirsch, le directeur général, de mettre en place plusieurs mesures sur le temps de travail pour assurer l'attractivité de l'anesthésie-réanimation.
Période nocturne en 3 demi-journées, 650 euros net pour le travail supplémentaire
Au cœur des revendications, le syndicat réclame le passage en temps continu (48 heures hebdomadaire au lieu de 10 demi-journées) pour les services d'anesthésie-réanimation demandeurs, la garde de 24 heures créditée à la hauteur de 5 demi-journées (DJ) et l'activité nocturne en 3 demi-journées au lieu de deux. Il demande aussi la revalorisation de la rémunération du temps de travail additionnel au même titre que les PH intérimaires, soit 650 euros net pour 10 heures d'activité. « Nous devons effectuer 10 demi-journées sans excéder les 48 heures hebdomadaires de travail. Seulement, deux gardes de 24 heures équivalent à 8 demi-journées. Il y a une incohérence », détaille le Dr Rébufat. Le syndicat réclame également que la prise de fonction de PH contractuel, pour les anciens chefs de clinique et assistants, soit revalorisée « au niveau d'un 4e échelon plus 10 % ».
La durée d'une demi-journée doit être définie à l'AP-HP
Le combat des praticiens hospitaliers d'anesthésie-réanimation ne date pas d'hier. Le SNPHAR-E a déjà tiré la sonnette d'alarme sur les conditions de travail parfois déplorables, sans jamais être entendu. « Fin 2015, nous avons déjà demandé à la direction de définir la valeur temporelle d'une demi-journée. La question reste à ce jour sans réponse », détaille le Dr Rébufat. « Même si les textes sont conformes aux directives de l'Union européenne, très peu d'hôpitaux appliquent le décompte du temps de travail. Ils ne tiennent pas de registre », insiste-t-il.
Le récent rapport Hannoun sur l'activité chirurgicale à l'AP-HP, publié en mars dernier avait également mis en exergue les différents freins à l'attractivité de l'anesthésie-réanimation.
Dumping social
Dans un contexte démographique difficile, le SNPHAR-E relève le développement d'une concurrence déloyale pour attirer les anesthésistes-réanimateurs. « Une concurrence s'installe entre les hôpitaux pour recruter. Certains offrent une période nocturne en trois demi-journées, d'autres pratiquent l'intérim interne, souligne-t-il. Il faut que ce soit normé. »
Sans retour de la direction générale, le SNPHAR-E n'exclut pas d'entamer une grève nationale à partir du 1er juin pour se faire entendre. En revanche, les modalités n'ont pas encore été précisées.
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