Un poste de PH temps plein sur quatre et près d'un poste de PH temps partiel sur deux : ce sont les deux taux de vacance saisissants de la fonction publique hospitalière relevés par le Centre national de gestion en 2016.
La Fédération hospitalière de France (FHF) a tenté d'expliquer les raisons de cette pénurie médicale chronique en donnant la parole à quelque 4 000 médecins et 1 600 étudiants dans le cadre d'un sondage* sur la gestion des ressources humaines médicales. Enjeu : trouver des leviers d'attractivité suffisamment puissants pour recruter et fidéliser les médecins.
La recomposition hospitalière qui s'opère à la faveur des groupements hospitaliers de territoire (GHT) est loin de faire l'unanimité. Depuis juillet, les projets médicaux partagés sont quasi intégralement formalisés. Mais alors que les pouvoirs publics vendent cette réforme de la carte sanitaire comme un atout pour le secteur public, l'enquête de la FHF, sévère, montre que 57,4 % des médecins ne perçoivent pas (encore ?) les coopérations médicales de territoire comme un levier d'attractivité. Les sondés favorables aux GHT estiment que l'accès à des plateaux techniques et équipements médicaux, l'amélioration de la qualité de la prise en charge et l'organisation de la permanence des soins à l'échelle territoriale (traduite par un allégement des gardes et astreintes) sont bien des sources d'attractivité. En revanche, un PH sur trois seulement juge que les GHT faciliteront le recrutement médical et un sur cinq estime que cette réforme ouvrira des opportunités de carrières médicales.
Améliorer l'intégration et l'accompagnement
La FHF s'est intéressée au regard des PH sur le projet médical et social des établissements. Seul un médecin sur quatre juge « bonne » la qualité de l'intégration dans son établissement. « La part d'insatisfaction augmente avec la taille de l'établissement », note la FHF. Ainsi 39 % des sondés estiment « insuffisante » la politique d'accueil et d'intégration dans les CHU (contre 34 % tous établissements confondus). Plus indulgents, un étudiant sur deux est en revanche satisfait sur ce point.
Le manque d'accompagnement dans le parcours professionnel, pointé du doigt par 68 % des praticiens, est une autre raison de perte d'attractivité. À ce titre, la possibilité de diversifier ses activités (entre clinique, recherche et conduite de projets) est plébiscitée par 88 % des praticiens. La fiche de poste médicale (73 %) et le plan de carrière (71 %) sont autant de pratiques d'accompagnement « importantes » pour les sondés, que les établissements feraient bien de prendre en compte s'ils souhaitent muscler leur recrutement médical.
Sans surprise, la qualité de vie au travail et les conditions d'exercice au quotidien priment dans les choix d'affectation des PH. Pour 60 % d'entre eux, l'organisation du travail médical est aujourd'hui « inéquitable ». Seul un médecin sur quatre (26 %) est satisfait de l'équilibre entre ses vies privée et professionnelle.
Les médecins réclament en priorité de pouvoir exercer dans un environnement où les tâches administratives seraient limitées (95 % d'entre eux !) et les conditions de travail préservées (matériel, système d'information). Les services annexes (garde d'enfant, accès à des équipements sportifs, conciergerie) n'arrivent qu'ensuite dans leur cahier de doléances.
*Enquête réalisée en ligne du 15 mai au 27 juin 2017.
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