L'heure de la bataille pour les élections des praticiens hospitaliers a sonné. À partir de demain et jusqu'au 2 juillet, quelque 53 000 PH sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants au sein de trois instances (encadré). Espérant le meilleur score possible, les syndicats ont fait le jeu des alliances.
Ces dernières semaines, on a ainsi vu émerger les blocs en compétition. L'Intersyndicat national des PH (INPH), la Coordination médicale hospitalière (CMH) et le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (SNAM-HP) ont, les premiers, annoncé leur union sacrée pour le scrutin. De l'autre côté de la ligne de front, Action praticiens hôpital (APH) et Jeunes Médecins les ont imités au sein d'une alliance « transgénérationnelle ».
En embuscade, l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH) présentent quelques listes (en médecine et en psychiatrie notamment). Ils fait le choix de s'allier à des centrales syndicales non-catégorielles, la CGT pour l'AMUF et FO pour le SNMH. « Pour nous, les médecins sont des salariés comme les autres, il faut casser le système corporatiste qui existe aujourd'hui », se justifie le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l'AMUF.
Adversaires sur le papier, les syndicats partagent un objectif commun : la participation, qu'ils souhaitent forte. Tous veulent éviter le fiasco de 2011, lors duquel seuls 28 % des votants s'étaient exprimés. Un vrai enjeu de représentativité face aux directeurs dont les élections ont fait plus de 80 % de participation, expliquent plusieurs leaders syndicaux.
Opposition de style
Nouveauté cette année, outre le renouvellement de la Commission statutaire nationale (CSN) et du Conseil de discipline (CD), les praticiens éliront le Conseil supérieur des personnels médicaux, odontologistes et pharmaceutiques (CSPM), créé par la loi Touraine en 2016.
Cette structure divise les syndicats. Placée sous la responsabilité de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), elle a pour mission d'examiner les textes législatifs relatifs au statut ou à l'exercice des PH. « Elle nous met enfin à égalité avec les autres agents publics, se réjouit le Dr Renaud Péquignot, vice-président d'APH. Avec cette instance plus aucun texte ne sera publié sans nous ». À l’inverse, ce fameux CSPM n'est pas du goût de ses adversaires. Le Dr Norbert Skurnik, président de la CMH, craint « la mise au pas de la médecine hospitalière » en raison du statut national de cette instance. « Une communauté médicale locale a ses représentants, elle n'a pas besoin de missi dominici nationaux », objecte le psychiatre.
Faut-il y voir une opposition de style entre les deux grandes alliances ? « Pour nos adversaires, le syndicalisme se passe dans les salons feutrés du ministère alors que nous, nous sommes dans l'action », tacle le Dr Péquignot. Le Dr Rachel Bocher, présidente de l'INPH, assume la carte d'un dialogue constructif avec les pouvoirs publics. Elle rappelle que son syndicat « comme ses alliés, est connu et reconnu pour être d'abord une force de proposition et en dernier recours de contestation ».
Maintien du statut et attractivité des carrières
Au-delà de la méthode, les désaccords sur le fond entre les deux camps sont minces. À l'heure des négociations avec le ministère pour réformer l'exercice hospitalier, tous affichent leur attachement au statut de PH, créé en 1984, seul moyen de garantir « les conditions d'un exercice libre et indépendant », juge l'alliance du Dr Bocher. Différence toutefois, APH et Jeunes Médecins appellent de leurs vœux un statut unique incluant les hospitalo-universitaires (HU), en parallèle de la création de valences pour rémunérer les activités de « recherche, d'enseignement, de management, de santé publique ou relatives au syndicalisme ».
Les différents camps s'accordent aussi sur la défense du service hospitalier comme entité centrale de l'organisation médicale et soignante. L'INPH voudrait aller plus loin en l'associant à la préparation et à l'exécution budgétaire.
La revalorisation immédiate des salaires ressort comme une revendication commune, mais avec des modalités différentes. L'INPH, la CMH et le SNAM-HP réclament une augmentation globale de 30 % des salaires avec la suppression des six premiers échelons pour favoriser l'attractivité globale des carrières médicales. La coalition APH/Jeunes Médecins exige un début de carrière à 5 000 euros brut mensuel avec une progression beaucoup plus linéaire : « un échelon de 500 euros tous les trois ans jusqu'à 10 000 euros en fin de carrière ».
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