À quelques heures du dernier round des négociations conventionnelles sur les assistants médicaux et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), le bouillonnant président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon, était l'invité ce mercredi 17 avril du café Nile. Interrogé sur ces deux réformes, le médecin généraliste de Clamart, installé depuis 1973 dans un cabinet de groupe de cinq médecins, n'a pas mâché ses mots. La transformation programmée du système de santé via la création des assistants médicaux et le développement des CPTS est « peut-être un plan pour laminer la médecine libérale ».
Sur les assistants médicaux, le versement de l'aide conventionnelle est conditionné à une augmentation de la patientèle médecin traitant ou de la file active. « N'imaginez pas qu'on va gagner en productivité. Si on a du personnel, on peut travailler dans des conditions correctes pour que les jeunes s'installent. Or, avec la solution de l'assurance-maladie, les jeunes vont fuir la médecine libérale ! », a déclaré le Dr Hamon.
Autre point négatif sur les CPTS : pour remplir les missions comme la prise en charge des soins non programmés, le projet d'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) prévoit une délégation de tâches entre les professionnels de santé de la communauté. « La délégation des tâches, je la pratique quotidiennement avec les infirmiers et les pharmaciens de mon secteur. Le danger est la protocolisation à tous les étages qui ne laisse plus la place aux soins », déplore le généraliste.
Dérégulation du parcours des soins
Pour le leader syndical, les pouvoirs publics méconnaissent clairement le métier de médecine générale. « Ils croient que l'on fait une succession de bobologie, au point de déléguer aux pharmaciens la possibilité de traiter les gens directement ou par télécabine. On assiste à une dérégulation complète du parcours des soins », dit-il.
Dans ce cadre, le Dr Hamon réitère son opposition contre la mesure du projet de loi santé visant à autoriser les pharmaciens à délivrer sous protocole certains médicaments à prescription obligatoire. « Il faut donner aux pharmaciens de proximité les moyens pour assurer la sécurité sanitaire et non pas changer leur métier. Une cystite et une angine ne sont simples qu'après l'examen du patient par le médecin », ajoute-il.
La FMF veut montrer qu'elle a des propositions concrètes pour « une vraie réforme du système de santé ». Pour donner les moyens financiers aux médecins, le syndicat propose de transférer les quelque 240 millions d'euros alloués (pour 2017) à la ROSP (rémunération sur objectif de santé publique) dans un « vrai » forfait structure qui permettrait aux médecins l'embauche d'un secrétariat médical.
Autre idée : transférer la dette de l'hôpital vers la CADES (caisse d'amortissement de la dette sociale) pour que les établissements se recentrent sur leur cœur de métier, à savoir l'hospitalisation et non les soins non programmés. Et de conclure : « 15 millions de passages n'ont rien à faire aux urgences et cela coûte trois milliards d'euros à la collectivité. Le problème est que l'hôpital ne peut pas se passer de ces trois milliards d'euros car il doit payer ses dettes ».
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne