Une nouvelle génération d’hôpitaux est en marche, et la clinique Cleveland, dans l’Ohio, en est un symbole. Cet établissement pilote a bâti un réseau avec d’autres hôpitaux américains ; tous partagent les mêmes outils numériques. Le papier y est banni et la pratique médicale s’en trouve bouleversée.
Un panel d’outils ont été déployés : dossier patient électronique, télémédecine pour un second avis, prise de rendez-vous en ligne, surveillance des monitorings à distance... Pour le patient hospitalisé, c’en est fini du sentiment de mise à l’écart. Sur tablette ou smartphone, il accède aux données le concernant : prescriptions, résultats d’examens. Une question lui vient ? Il la pose par Internet et son médecin lui répondra en direct.
Chaque praticien est équipé d’un iPhone qui affiche en temps réel la liste des patients les plus à risque. Cliquer sur un nom fait apparaître les signes vitaux, les clichés d’imagerie, les analyses biologiques. La classification des risques, établie à partir des données cliniques compilées 24H/24 au sein du réseau hospitalier, « est mise à jour toutes les cinq minutes », expose Martin Harris, directeur des systèmes d’information (DSI) de la clinique Cleveland.
Aide à la décision thérapeutique
Le système permet aussi aux chirurgiens de comparer leur performance. Quid du risque de standardisation des pratiques ? « Je préfère parler d’élimination des actes non nécessaires », nuance le DSI.
Cette petite révolution a été possible grâce au déploiement d’un système unique où sont stockées et indexées les images mais aussi les comptes rendus écrits, les données biologiques... Avec l’aide d’IBM est né « Watson », un outil d’aide à la décision thérapeutique. « Watson vous prévient quand vous vous éloignez du schéma commun, illustre Martin Harris. Ce système va être enseigné dès la faculté de médecine ».
L’ordinateur ne remplacera pas le médecin, mais il peut l’aider dans certains cas à améliorer sa pratique : c’est l’avis du Dr Rong Min Baek, chef du service de chirurgie esthétique et DSI à l’hôpital universitaire Bundang, à Séoul. Cet établissement sud coréen est intégralement dématérialisé depuis 2003. Un code barre sur le lit permet d’identifier le patient avant de lui délivrer les médicaments. De grands écrans dans les couloirs diffusent des conseils d’éducation thérapeutique. Des capteurs sur les murs de l’hôpital orientent les patients pour telle ou telle consultation externe. Quant au médecin, il jongle avec des icônes sur son smartphone (le système en comprend 3 000 !) et visualise les données clé pour chaque patient.
Le résultat du big bang numérique est-il à la hauteur ? « Notre système informatisé a mis en lumière nos erreurs médicales, nous les avons presque réduites à zéro, affirme en tout cas le Dr Rong Min Baek. Par exemple, le système alerte le médecin qui prescrit un médicament pour adulte à un bébé. L’investissement a été très lourd mais nous en tirons beaucoup d’avantages. Nous avons augmenté la sécurité et la communication. Mon rêve est devenu réalité ».
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