Les établissements de santé privés pourront-ils recruter suffisamment d'infirmières diplômées d'État (IDE) et d'aides-soignantes (AS) dans les années à venir ? Ce n'est pas gagné à en croire une étude prospective réalisée par le cabinet d'études Quadrat-Etudes pour l'Observatoire de l'hospitalisation privée, organisme paritaire qui regroupe les syndicats de cliniques (FHP et SYNERPA) et des personnels (CGT, FO et CFDT).
Avec ses 2 800 établissements (1 000 cliniques et 1 800 EHPAD privés) pour 249 000 emplois, l'hospitalisation privée est un gros recruteur de paramédicaux (60 000 infirmières et 60 aides-soignantes en 2017).
Médico-social : +1,2 % par an
Sur les dernières années le besoin en main-d’œuvre a bondi. L'étude indique que la masse salariale (tous métiers) a grimpé de 48,5 % dans le secteur médico-social entre 2009 et 2015. Dans la branche sanitaire, la progression est plus modérée : 1,5 % sur la même période. Ce différentiel s'explique essentiellement par le vieillissement de la population, l'accroissement conséquent des capacités d'accueil en EHPAD et le développement de l'ambulatoire.
Et la dynamique n'est pas prête à retomber, analyse le cabinet Quadrat-Etudes. Celui-ci évalue à 1,2 % la progression moyenne annuelle de l'emploi dans le secteur médico-social entre 2016 et 2025 et 0,4 % dans le secteur sanitaire.
Outre les besoins croissants à venir en effectifs d'IDE et d'AS, l'étude pointe les difficultés grandissantes de recrutement déjà rencontrées par les établissements privés. En 2018, ces derniers déclaraient 48 % de projets de recrutements difficiles chez les AS et 36 % chez les IDE. Trois facteurs principaux expliquent ce phénomène : le manque de personnels formés au regard des besoins, les conditions d'emploi insuffisamment attractives et la pénibilité des activités.
Disparités territoriales
« On constate qu'une infirmière quitte son métier au bout de sept ans en moyenne et que dans l'ensemble des régions, il y a une baisse des candidats d'environ 30 % aux concours d'AS », analyse amèrement Jean-Pierre Chaniat, président de l'Observatoire de l'hospitalisation privée.
Par-dessus le marché, toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne en matière de formation. « Il y a de vraies disparités territoriales », observe Jean-Pierre Chaniat. L'étude montre en effet qu'en matière d'IDE, les régions de l'ouest de la France (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle Aquitaine et Occitanie) et la Corse forment moins que les autres. Alors qu'en termes d'AS, c'est le quart nord-est du pays (Île-de-France, Hauts-de-France et Grand Est), l'Occitanie et la Corse qui pèchent.
Pour remédier à ses freins à l'embauche, le secteur compte sur le développement de l'apprentissage et la création de passerelles entre les métiers. La réforme de la formation professionnelle adoptée en septembre 2018 pourrait apporter une solution. Mais à moyen terme seulement, prévient Jean-Pierre Chaniat : « Il faudra attendre une ou deux années pour en percevoir les effets ».
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