C’est peu dire que la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) ne gardera pas un souvenir impérissable des deux dernières années. Son président, le Dr Michel Chassang, porte aujourd’hui un jugement très sévère sur la politique de santé. « L’année 2008 a été une année blanche (de revalorisations) et 2009 a été une année noire pour la médecine libérale », clame-t-il. Le leader syndical retient trois événements majeurs : l’ «étatisation» du système de santé avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), « l’organisation soviétique » de la vaccination contre la grippe A/H1N1 qui a exclu dans un premier temps les médecins libéraux et la « mise en pièces » du système conventionnel. En filigrane, le président de la Confédération déplore la dégradation des relations entre le corps médical et le gouvernement. « L’inscription de ce projet de loi dans une procédure d’urgence a interdit tout débat et toute concertation avec les acteurs de terrain que sont les médecins libéraux», affirme le Dr Chassang.
Les conséquences de la réforme Bachelot seront lourdes pour les médecins, estime le syndicaliste. A l’écouter, l’encadrement de l’exercice libéral via les agences régionales de santé (ARS), la fin programmée de la liberté d’installation, le contournement des syndicats médicaux, l’affaiblissement des conventions nationales mais aussi les contraintes imposées aux médecins comme l’obligation de déclarer leurs absences et congés sont autant de coups durs portés à la profession.
La crise de confiance est profonde entre le gouvernement et la CSMF. Elle a abouti en fin d’année dernière au départ du syndicat des négociations conventionnelles. Le président de la Confédération regrette l’interventionnisme de la ministre de la Santé qui a selon lui « interdit aux négociations d’aboutir pour imposer un règlement arbitral et des élections professionnelles ».
Gel tarifaire.
Le Dr Chassang déplore également le gel des avancées tarifaires depuis juillet 2007. Le C à 23 euros ou l’application d’un C2 élargi sont « toujours bloqués ». A l’heure où certains syndicats s’apprêtent à appeler les spécialistes de médecine générale à coter CS, la CSMF demeure toutefois plus mesurée. Le syndicat veut toujours « construire une nouvelle convention » et souhaite que 2010 soit une « année utile ».
Le Dr Chassang rappelle avoir formulé en juillet des propositions pour « moderniser l’exercice libéral ». Et la Confédération prévoit d’organiser dans les prochaines semaines des débats avec les médecins « sur le terrain » pour connaître leurs aspirations pour la future convention. En cette année d’élections professionnelles, le discours du syndicat pourrait rapidement se radicaliser. « L’année 2010 devra être celle du respect des médecins libéraux, ça suffit de s’essuyer les pieds sur nous », conclut le Dr Chassang.
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