Les biologistes hospitaliers sont 69 % à se déclarer en situation de « souffrance liée à leur travail ». C'est ce que révèle une étude* édifiante menée par le Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH) pour mesurer le mal-être au travail dans cette spécialité soumise à un train soutenu de réformes depuis plusieurs années.
Sur une échelle de 1 à 10, les biologistes hospitaliers évaluent leur souffrance en moyenne à 6,5. Et 9 % des sondés ont déjà été en arrêt de travail en raison de cette souffrance, d'une durée moyenne de 74 jours. Selon cette enquête, un biologiste s'est arrêté pendant 1 095 jours…
Mépris de l'administration, démédicalisation
Les raisons du mal-être les plus citées (plusieurs réponses possibles) sont la surcharge de travail (54 %), l'accréditation prévue par la loi de la totalité de l'activité d'ici à 2020 (53 %), le sentiment de moins bien faire leur travail (49 %) et l'impression de « ne plus y arriver » (40 %). Plus de la moitié des répondants indiquent ressentir ce malaise depuis plus d'un an.
Les deux tiers des biologistes estiment que leurs conditions d'exercice se sont fortement dégradées ces dernières années (un quart qu'elles se sont un peu dégradées). Dans les commentaires laissés dans le cadre du questionnaire, les biologistes évoquent souvent une spécialité « qui se démédicalise », un « mépris total de l'administration » ou encore l'échéance de l'accréditation à 100 % dès 2020 qui est « incompatible avec le projet de groupement hospitalier de territoire ».
Consultation d'aide ou reconversion…
Cette situation de souffrance a un impact sur la vie personnelle : 50 % des biologistes assurent qu'ils n'arrivent pas à décrocher « même en congés », qu'ils ont des troubles du sommeil (49 %) et de l'angoisse (40 %). Près de 4 % des biologistes indiquent avoir des idées suicidaires.
Pour améliorer la situation, 27 % des biologistes hospitaliers voudraient être déchargés de certaines responsabilités et 22 % souhaiteraient la mise en place d'une consultation médicale ou psychologique. Un biologiste sur cinq envisage une reconversion ou une retraite anticipée.
Pour autant, parmi ceux qui sont en souffrance, ils ne sont que 23 % à avoir déjà décidé de parler de leur situation à un professionnel, médecin ou psychologue. Plus de la moitié (54 %) en parle en revanche à ses proches, et 47 % à ses collègues.
Plus des trois quarts d'entre eux ne sont pas au courant qu'un Observatoire de la souffrance au travail a été mis en place fin 2017 par l'intersyndicale hospitalière (Action praticiens hôpital, APH).
* Questionnaire envoyé en mars 2018 aux 2 500 biologistes des hôpitaux publics, auquel ont répondu 499 d'entre eux – dont un tiers d'hommes et deux tiers de femmes.
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