Il en faudra bien davantage pour contenter les personnels hospitaliers qui restent sur leur faim après les diverses annonces gouvernementales visant à récompenser leur engagement face au Covid-19.
Mercredi 13 mai, à l'issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement a annoncé la volonté de l'exécutif de décerner une « médaille de l'engagement face aux épidémies » afin d'honorer les soignants qui se sont dévoués lors de cette crise sanitaire. Par décret, le gouvernement va ainsi réactualiser cette récompense datant de 1884, date à laquelle le pays avait été frappé par une épidémie de choléra…
Plus concrètement, la prime prévue pour les personnels hospitaliers est attendue sur les feuilles de paie de mai ou juin. Le ministre de la Santé Olivier Véran a précisé que seuls les soignants de 40 départements recevraient le plus haut niveau de bonus (1 500 euros net). Tous les départements d'Ile-de-France, du Grand Est, de Bourgogne Franche-Comté et des Hauts-de-France figurent dans la liste avec quatre départements d'Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que l'Eure-et-Loir, les Bouches-du-Rhône, les deux départements de Corse et Mayotte. Partout ailleurs, les hospitaliers bénéficieront du second niveau de prime à hauteur de 500 euros net.
Enfin, le gouvernement a ouvert la porte à une proposition de certains députés de la majorité visant à permettre aux Français d'offrir des congés aux soignants sous la forme de chèques-vacances.
« Gestion par l'absurde »
Aucune de ces mesures ne satisfait pleinement les professionnels, qui se souviennent surtout de la promesse d'Emmanuel Macron d'un plan massif d'investissement et de revalorisations des carrières à l'hôpital.
La prime en l'état est même jugée « clivante » par certains syndicats. « Les modalités d'octroi de cette prime qui ont été portées à notre connaissance ne sont absolument pas acceptables », ont réagi mercredi dans un communiqué commun Action praticiens hôpital (APH), Jeunes Médecins et l'Intersyndicat national des internes (ISNI). « Cette division artificielle en deux catégories d'établissements de santé et de personnels est une faute politique, qui trahit une méconnaissance du fonctionnement de l'hôpital public et des principes élémentaires d'équité qui l'anime », estiment les trois organisations qui attendent du gouvernement « une revalorisation significative de l'attractivité des carrières hospitalières de façon pérenne, et l'amélioration des conditions de travail ».
La seule reconnaissance que demandent les soignants, « c'est la prise en compte de leurs demandes exprimées depuis des mois : ouverture de lits, améliorations des conditions de travail, revalorisations salariales, changement du mode de financement de l'hôpital public et pour les praticiens hospitaliers, reprise des négociations statutaires », liste quant à lui le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe)
Tout aussi remonté, le collectif inter-urgences (CIU) dénonce un « système de prime absurde, tant par sa nature que par sa redistribution ». « Cette prime ne résoudra rien, affirme le collectif, ni le manque d'attractivité, d'équipes stables et compétentes, ni la qualité des soins ». Lui aussi rappelle Olivier Véran et le président de la République à leur promesse de revalorisation des métiers et des rémunérations. « Sans plan massif, les personnels épuisés, désabusés, continueront à fuir l'hôpital », abonde le collectif inter-hôpitaux (CIH) qui attend toujours son rendez-vous avec Emmanuel Macron.
Quant à la médaille et au don de congés, des soignants évoquent un « énième coup de massue d'une gestion par l'absurde ». « À défaut de légions de soignants, quelques légions d'honneur », grincent-ils.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne