Réintégration des soignants non vaccinés : pour l'Académie de médecine, c'est toujours non

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Publié le 14/12/2022

Crédit photo : S.Toubon

Alors que le ministre de la Santé a réinterrogé la Haute Autorité de santé (HAS) sur le sujet de l'obligation vaccinale des soignants contre le covid - et d'ailleurs aussi contre les autres pathologies pour lesquelles le vaccin est nécessaire pour exercer -, ce n'est pas la peine de reposer la question à l'Académie de médecine. Comme en juillet dernier, pour les Académiciens, réintégrer à l'hôpital et ville les soignants non vaccinés, c'est toujours non. Le débat vient d'être, une nouvelle fois, relancé à l'Assemblée nationale à la faveur de propositions de loi des groupes LFI et RN. Mais cela resterait « une mauvaise option » insistent-ils dans un communiqué paru ce mercredi.

« Les partisans de la réintégration, s'appuyant sur l'exemple de certains pays européens, arguent de la diminution rapide de l'efficacité des vaccins contre l'infection pour dénoncer une obligation vaccinale qui, avec le temps, ne pourrait plus éviter que les soignants transmettent le SARS-CoV-2 à leurs patients », note l'Académie qui fait part « de son opposition à cette mesure démagogique, néfaste pour la prévention des infections respiratoires en milieu hospitalier et nocive pour la crédibilité des politiques vaccinales ».

Rejoignant les arguments du ministre de la Santé, elle estime aussi que la mesure ne permettrait « en aucune manière » de résoudre les pénuries d'effectifs ni à l'hôpital ni dans les Ehpad. Le conseil scientifique sur le covid, dans son dernier avis, estimait effectivement à 75 médecins et 950 infirmiers les soignants suspendus pour défaut de vaccination.

Explorer toutes les voies

Des réfractaires qui agacent visiblement du côté de la rue Bonaparte. « Le prétendu manque de recul pour juger de l'efficacité et de l'innocuité des vaccins n'est plus un argument recevable après que 7,3 milliards de doses ont été administrées dans le monde en moins de deux ans » tacle l'Académie qui lit également dans le refus vaccinal des motifs d'ordre politique. Le « mécontentement » des soignants face à leurs conditions de travail entrerait aussi en jeu, croit-elle savoir.

Risques de nouvelles mutations du SARS-CoV-2, nouveaux vaccins en cours de développement laissant notamment espérer une meilleure prévention de la transmission et effets bien démontrés du vaccin contre les formes graves de la maladie sont autant d'arguments incontestables aujourd'hui, selon l'Académie. Et pour en convaincre les derniers soignants hésitants, elle suggère aux pouvoirs publics de prendre en compte « les causes sous-jacentes de mécontentement du personnel soignant » et de promouvoir les vaccins sous-unitaires recombinants auprès de ceux qui craignent les produits à base d'ARN messager. Il faut aussi « explorer toutes les voies qui peuvent permettre d'inciter les soignants aujourd'hui réticents à se faire vacciner, notamment en analysant le rôle des influences sociales et en mettant l'accent sur les aspects pratiques de la vaccination » concluent les sages.


Source : lequotidiendumedecin.fr