Emmanuel Macron l'a martelé dans son allocution lundi 16 mars : la France est en « guerre sanitaire » contre le coronavirus. En Alsace, foyer très important de contamination, les hôpitaux montrent des signes de saturation inquiétants face à l'afflux de patients. Pour leur venir en aide, le président de la République a pris la décision d'y déployer « dans les jours à venir » un hôpital militaire du Service de santé des armées (SSA). « Je veux assurer les habitants et les personnels soignants du Grand Est que nous serons au rendez-vous », a-t-il solennellement déclaré.
« Un hôpital de campagne, comme on dit, sera installé en Alsace, à Mulhouse », a précisé mardi soir Édouard Philippe. Dans un tweet puis via un communiqué, la ministre de la Défense Florence Parly a détaillé les missions qui seraient confiées à cet établissement. Le SSA va créer un établissement militaire de réanimation (EMR), « structure médicale modulaire sous tente dédiée à la prise en charge de patients Covid-19, armé par du personnel médical des armées, et dont la capacité est de 30 lits de réanimation ».
Dans son point presse quotidien du 18 mars, le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a indiqué que cet établissement serait installé « à proximité immédiate de l'hôpital de Mulhouse ». En revanche, « la date exacte n'est pas arrêtée, mais ça devrait être avant la fin du mois, autour du 27 mars », a avancé le même jour Corinne Krencker, directrice du Groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA).
Six patients déjà évacués par l'armée
En outre, l'armée de l'air a mis « en alerte » son Module de réanimation pour patient à haute élongation d’évacuation (Morphée). Ce dispositif permet « de transporter dans des conditions de prise en charge adaptées, entre six et douze patients en fonction de leur état », détaille le ministère.
Mercredi, une première opération d'évacuation a eu lieu. Un appareil A330 Phénix de l'armée de l'air équipé de moyens de réanimation a décollé vers 13 heures 30 de l'aéroport de Bâle-Mulhouse avec à son bord six patients en état grave et lourdement médicalisés. Quatre étaient hospitalisés à l'hôpital Emile-Muller de Mulhouse et deux autres à Colmar. Ils ont été pris en charge par les hôpitaux militaires Sainte-Anne de Toulon et Laveran de Marseille, a précisé Florence Parly dans un tweet. L'armée a par ailleurs annoncé mettre cinq millions de masques à disposition du ministère de la Santé.
3. Préparation du déploiement d’une structure médicale avancée (hôpital de campagne) à Mulhouse, en Alsace. @santearmees @EtatMajorFR
— Florence Parly (@florence_parly) March 18, 2020
Réanimations saturées dans le Grand Est
Sur place dans le Grand Est, les autorités alertent et s'inquiètent de la saturation des services de réanimation. « On a un nombre important de personnes contaminées, qui ne cesse de croître chaque jour, des capacités de réanimation saturées dans le Haut-Rhin, et très largement occupées dans le Bas-Rhin », expliquait mardi au micro de France Inter la préfète de région Josiane Chevalier. Plus tôt dans la même émission, Olivier Véran assurait le soutien du gouvernement aux « hôpitaux, du côté de Mulhouse et de Strasbourg ». « Ce matin même, des hélicoptères du Service de santé des armées sont en train d’opérer un transfert des malades graves et jeunes », expliquait-il.
« L'hôpital de campagne annoncé par le chef de l'État va faire du bien », a également déclaré à l'AFP le Dr Jean Rottner, président de la région Grand Est. L'ancien chef du service des urgences de l'hôpital de Mulhouse dit attendre de son déploiement une aide matérielle et humaine « avec des respirateurs, des anesthésistes, des gens en capacité de venir soulager aussi tout le système ».
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