TOUT EST une affaire de doigté. Millimétré, chaque mouvement, chaque pression du pouce ou de l’index compte. Question de nerfs érecteurs. Assis à quelques mètres du champ opératoire, le chirurgien urologue pratique une prostatectomie sans toucher le patient. Comment ? Le médecin progresse dans sa partition chirurgicale à l’aide de pédales et de joysticks (par lot de deux) qui lui permettent de manipuler à distance une caméra endoscopique 3D et deux (ou trois) bras articulés. D’une précision diabolique, ses mains robotisées ne dépassent pas le centimètre.
La clinique des Franciscaines (365 personnels, 221 lits MCO) de Versailles est le seul établissement des Yvelines à posséder le robot chirurgical Da Vinci, depuis l’an passé. Dans l’Hexagone, 63 établissements (CHU, cliniques, privés non lucratif) dont 16 en Ile-de-France bénéficient de cette technologie américaine sortie de la Silicon Valley. On l’utilise surtout en urologie, un peu moins en chirurgie digestive et en gynécologie-obstétrique. En France, on recense 71 500 nouveaux cas de cancer de la prostate en 2010. Il s’agit de la quatrième cause de mortalité par cancer.
Temps de séjour divisé par deux.
À Versailles, la communauté médicale semble satisfaite de son investissement (qui restera secret).
Pour le Dr Gérard Ménager, président de la commission médicale d’établissement (CME) des Franciscaines, « ce robot extrêmement moderne permet avant tout de diminuer le temps d’hospitalisation et les suites opératoires pour les patients ». De huit jours, le séjour hospitalier est réduit à quatre, précise Pascaline Piechaud, directrice des soins infirmiers. « L’avenir des établissements de santé réside dans le développement des plateaux techniques à l’aide de ces technologies de pointe », estime-t-elle.
Autre avantage : mini invasive (par incision de trocarts), la prostatectomie robotique présente des risques infectieux et des douleurs musculaires postopératoires moindres. Une étude clinique américaine de 2010 démontre aussi que la perte de sang lors d’une chirurgie « classique » est estimée à 700 ml. L’apport du robot réduit ce chiffre à 200 ml.
Poignet à 360°.
En exercice (libéral) depuis quatre ans, le Dr François Grima, urologue de 36 ans, apprécie la performance technique du robot, son partenaire sur une vingtaine d’opérations en 2012. « Il me permet un mouvement à 360° du poignet, détaille-t-il. Je peux aussi opérer plus facilement dans des recoins naturellement difficiles d’accès où à des moments critiques de la prostatectomie, comme lors de l’amarrage de la vessie à l’urètre, après ablation ».
L’opération dure trois heures. Comme pour deux de ses jeunes confrères versaillais (sur cinq urologues), la prise en main de l’outil n’a pas trop posé de problèmes au Dr Grima. Sa formation à Lyon et à la Pitié-Salpétrière (AP-HP) lui a permis de réussir ses premiers galops d’essai. 100 % de ses opérations se font désormais en tandem avec son meilleur allié.
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