L’ANAP (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux), créée l’été dernier par la loi Bachelot, n’existe réglementairement que depuis la fin du mois d’octobre. Fruit de la fusion de la MAINH (mission nationale d’appui à l’investissement hospitalier), de la MEAH (mission nationale d’expertise et d’audit hospitaliers) et du GMSIH (groupement pour la modernisation des systèmes d’information), elle n’a pas, toutefois, attendu cette date pour se mettre au travail.
Soixante professionnels travaillent aujourd’hui au sein de l’ANAP – ils devraient être 80 à la fin de l’année –, aux profils volontairement hétéroclites (médecins, cadres de santé, hospitaliers ou consultants issus d’autres secteurs économiques) et l’agence s’est déjà donné dix objectifs pour 2010 parmi lesquels figure le lancement de 50 « projets de performance ».
« Performance », le (gros) mot est lâché, et l’explication de texte est manifestement une des priorités de la toute jeune agence. Ses dirigeants viennent d’entamer dans les régions un tour de France pour présenter leur programme de travail (ils sont pour l’instant passés par Orléans, Toulouse et Strasbourg) ; ils ont été interpellés sur ce thème. « Un syndicaliste m’a dit " C’est comme chez Peugeot, vous dites performance et puis vous licenciez 2 000 personnes ! " », rapporte le directeur général de l’ANAP, Christian Anastasy qui insiste : sa conception des choses se calque sur la définition qu’a donnée l’OMS du concept de performance en santé. « Il s’agit de contribuer à l’amélioration de l’état de santé de la population, de répondre aux attentes des personnes et d’être équitables sur le plan financier », résume le directeur. Pour expliquer sa démarche, l’ANAP utilise volontiers l’exemple des services d’urgence. « Aujourd’hui, le temps de passage moyen y est de 4 heures. Or avec quelques règles de bonne pratique élaborées par les professionnels du terrain, sans moyens supplémentaires, on peut réduire ce temps d’au moins 25 % ! », fait valoir Christian Anastasy. Autre cas d’école choc : le juste dimensionnement de l’espace hospitalier. « Un mètre carré à l’hôpital, c’est 1 000 euros de charges par an pour l’assurance-maladie. Cela signifie que si on se trompe de 10 000 m2, on fait peser 10 millions de charges inutiles sur l’assurance-maladie », calcule spectaculairement le pilote de l’ANAP.
Co-financeur.
Une fois le vocable clarifié, la nouvelle agence prend également soin de bien préciser sa fonction : « Nous ne sommes pas un auditeur, nous nous engageons sur des objectifs opérationnels. (...) Nous ne sommes pas non plus un subventionneur d’études puisque le principe de nos interventions est celui du co-financement [l’ANAP et l’établissement mettent au pot, NDLR]. Nous ne sommes pas non plus un bureau d’aide urgente pour les établissements en perdition, nous intervenons aussi dans des hôpitaux qui sont à l’équilibre. »
Pour sa première année de fonctionnement, l’ANAP ne se limite pas aux contrats qu’elle va passer, pour deux ou trois ans, avec 50 hôpitaux. Elle va, entre autres, également plancher sur les parcours des patients à l’échelle territoriale, en ciblant les personnes âgées ; elle va creuser la notion de mobilité des personnels à l’hôpital et dans le secteur médico-social (observer les facteurs de cloisonnement, de rigidité)… Et puis elle va s’attaquer au dossier de la gestion du patrimoine immobilier des hôpitaux : 60 millions de m2 jusqu’à maintenant sans pilote alors que, à titre de comparaison, 12 personnes s’occupent à temps plein des bâtiments de l’Armée qui ne couvrent « que » 20 millions de m2.
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