DÉPÔT PÉTROLIER bloqué, ports et aéroports possiblement fermés, menace d’une grève générale dure et reconductible dans tous les secteurs d’activité de l’île : le Syndicat des travailleurs corses (STC, localement majoritaire tous secteurs d’activité confondus mais minoritaire dans celui de la santé où CGT et CFDT font la course en tête) ne badine pas avec le… coefficient géographique. Et c’est parce qu’il exige sans l’obtenir une hausse de ce coefficient – qu’il verrait bien passer de 6 à 13 – que le syndicat a engagé il y a plus de 15 jours un bras de fer musclé avec l’agence régionale de santé (ARS), occupant tout bonnement les murs de l’agence et contraignant son directeur et toute son équipe à aller travailler ailleurs.
Qu’est-ce que ce coefficient géographique de santé ? Toutes les régions en ont un. Celui de l’Ile-de-France est arrêté à 7 ; dans les DOM-TOM, il tourne plutôt autour de 20. Appliqué aux enveloppes budgétaires allouées aux hôpitaux, ce taux vise à rééquilibrer les crédits en fonction de la cherté de la vie, des frais de transports de médicaments ou de matériels… Un point de coefficient, c’est mécaniquement 1,5 million d’euros de crédits hospitaliers en plus. Alléchant, mais relativement modeste comparé à ce que va coûter, par exemple, la reconstruction de l’hôpital d’Ajaccio (200 millions d’euros).
Casus belli.
À la fin de l’année 2009, au terme d’un conflit social dur, les syndicats du secteur de la santé en Corse avaient obtenu (dans le cadre d’un protocole d’accord plus large signé avec le ministère de la Santé) que ce coefficient augmente d’un point et saute de 5 à 6. Ceci par anticipation, un nouveau calcul au niveau national de tous les taux régionaux étant alors en cours. Verdict de ce passage à la moulinette des ordinateurs : le coefficient de la Corse doit être compris entre 5 et 6. Raison pour laquelle, l’ARS, soutenue par le ministère de la Santé, n’a pas prévu de le réévaluer.
Pour le STC, c’est un casus belli. Depuis que le syndicat a pris possession des locaux de l’ARS, trois réunions ont eu lieu avec l’ensemble des syndicats du secteur de la santé corse (le STC, donc, la CFDT, la CGT et FO). Elles ont toutes capoté, le Syndicat des travailleurs corses faisant de la hausse du coefficient géographique un préalable à toute autre discussion – or ainsi que l’explique le directeur de l’ARS, Dominique Blais, au « Quotidien », il y a des sujets variés à discuter tels que « l’inventaire du patrimoine hospitalier, le projet de construction du centre hospitalier d’Ajaccio… » Le STC, manifestement sur une ligne bien plus dure que les autres syndicats, n’en démord pas : « La réévaluation réclamée par la Corse n’est que justice. » Dans un tract ambigu, la CFDT s’est désolidarisée de l’appel à la grève lancé dans les hôpitaux par les Travailleurs corses. Pour faire court, la CFDT, la CGT et FO jugent au total qu’il y a, dans le protocole de 2009, 9 points essentiels pour l’élaboration du plan régional de santé en Corse, le coefficient en étant un parmi d’autres.
Très puissant à la Poste et surtout dans les transports, le STC a mis rien moins dans la balance, au nom de la « préservation de l’intérêt des malades », que… la paralysie de l’île. Face à ce rouleau compresseur, le directeur de l’ARS peine à se faire entendre et à expliquer, par exemple, que d’autres crédits que ceux liés au coefficient viennent compenser l’insularité de la région Corse : « Nous avons obtenu un financement spécifique de quelque 2 millions d’euros pour les évacuations sanitaires, c’est-à-dire les transferts de malades vers les CHU de Nice et de Marseille. »
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