LE SYNDICAT des travailleurs corses (STC) est mécontent, et le fait savoir. À sa manière. La semaine dernière, il a occupé les locaux de l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) de Corse 72 heures durant. Appuyé par le STC marins, le STC santé menace à présent de bloquer l’île - les ports, les pompes à essence, les transports maritimes - si ses demandes restent sans réponse.
Tony Pruneta, secrétaire national du STC santé, s’explique. « Nos services publics sont en décrépitude, le privé gagne en activité, l’accès aux soins publics est menacé. On a décidé de rentrer en conflit pour faire bouger les choses ». Réunion de crise vendredi dernier à la préfecture de Corse-du-Sud. Huit heures de discussion, pour aboutir, tard dans la soirée, à plusieurs décisions. Dans les cartons depuis 1989, la reconstruction de l’hôpital d’Ajaccio sera accélérée, sans contrainte de retour à l’équilibre financier. Impossible de satisfaire Ajaccio sans contenter Bastia : 9 millions d’euros sont débloqués pour rénover les hôpitaux corses, dont celui de Bastia. D’autres engagements complètent ces deux mesures emblématiques.
Pour le STC santé, le compte n’y est pas. « Notre revendication principale - le passage immédiat du coefficient géographique de 5 % à 15 %, pour compenser les contraintes liées à l’insularité - n’a pas été entendue. Nous sommes prêts à bloquer l’île », menace Tony Pruneta.
L’affaire se déroule sur fond de querelles syndicales : les autres syndicats hospitaliers partagent les revendications du STC, pas sa méthode. En Corse, les équilibres sont fragiles. Et les commentaires, prudents. De mauvaise gestion, la directrice de l’Agence régionale de l’hospitalisation de Corse se refuse à parler. Martine Riffard-Voilque préfère souligner l’existence de « particularités » : « On se doit d’avoir de la réanimation sur l’île, y compris pédiatrique. Il faut bien offrir les services de base, mais avec 300000 habitants, c’est difficile de compenser les coûts fixes ».
Parallèlement, les hôpitaux corses s’illustrent par un fort absentéisme (26,77 jours par an et par agent, contre 18,57 en moyenne nationale). Les accords RTT sont généreux, tout comme les effectifs. Les rythmes de travail sont fluctuants, et les déficits, abyssaux. L’hôpital d’Ajaccio est sous administration provisoire depuis un an. La patronne de l’ARH note un mieux. « Fin 2009, on devrait avoir réduit le déficit de moitié », dit-elle. Cette nouvelle rigueur budgétaire est diversement appréciée sur le terrain. « Des départs n’ont pas été remplacés, et l’on doit augmenter l’activité. C’est difficile de développer des projets dans ces conditions », relate un praticien de l’hôpital d’Ajaccio. La reconstruction de l’établissement est bienvenue, mais la méfiance reste de mise. « Chaque jour, reprend le praticien , je suis témoin de dysfonctionnements en pagaille. On a du mal à mettre en place un plan grippe faute de matériel suffisant. Jamais je ne ferai la grève des soins, mes confrères non plus, mais je pourrais m’associer à une grève administrative si tous nos problèmes ne sont pas résolus ».
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