C’EST UN projet un peu fou, unique dans le paysage hospitalier mondial. L’hôpital de Yanda est sorti de terre en un temps record, en périphérie de Pékin. C’est l’établissement de la démesure. Vaste comme 130 terrains de foot, il regroupe 10 000 lits et 52 spécialités. Ses portes ouvriront le 1er juin. La Chine se voit là dotée de son premier hôpital international. Des équipes médicales du monde entier y sont attendues dès cet été.
L’hôpital de Yanda est le projet d’un homme, un richissime Chinois qui a bâti sa fortune dans l’immobilier, et qui a eu envie de donner à son pays un hôpital privé de renom. Il en a financé seul la construction - 550 millions de dollars. C’est un cabinet d’architecte français qui a décroché l’appel d’offres international en 2006. « Ce monsieur était très intéressé par l’Europe, et surtout par la France, qu’il savait réputée pour son système de santé », commente Polly Rolland, l’architecte (d’origine chinoise) qui suit le projet depuis son cabinet basé à Angers.
Le site sera polyglotte : la gestion de chacune des 52 spécialités sera déléguée à une équipe étrangère, qui importera ses méthodes de travail et dirigera le staff chinois. À titre d’exemple, les Américains piloteront le centre orthopédique. La France a décroché une autre discipline. Également sélectionnés, l’Allemagne, la Corée, le Japon, Taïwan, Singapour.
Yanda, explique l’architecte angevine, est plus qu’un hôpital. Il s’agit d’un concept intégré avec centre de recherche, école de médecine, maison de retraite et centre de congrès. « L’hôpital Pompidou à Paris, c’est juste un bâtiment. Là, on crée une ville. Un lieu où le monde entier vient pour échanger », observe Polly Rolland. Rivière intérieure, solarium, salle de ping-pong : l’hôpital de Yanda devrait séduire sa cible, les couches aisées de la population chinoise et sa diaspora. « Aujourd’hui, un tel établissement n’existe pas en Chine. Pour avoir une chambre individuelle, il faut être le fils d’untel, connaître le médecin, ou verser beaucoup d’enveloppes rouges », raconte Polly Rolland. Sa secrétaire en sait quelque chose, qui, le jour de son accouchement, a dû verser 10 000 yuans (environ 1 000 euros) pour que vienne un médecin.
Les dessous-de-table seront interdits : Yanda veut être le premier hôpital de Chine sans corruption. Réservé aux riches, à 100 % privé, l’hôpital de Yanda peut paraître décalé par rapport aux objectifs nationaux d’élargissement de l’accès aux soins. Discrètement, le gouvernement central soutient pourtant le projet ; il a facilité l’obtention du terrain, une denrée rare à Pékin. La Chine manque cruellement de maisons de retraite, et pas un de ses hôpitaux ne rivalise avec ceux de New York ou Paris. Toutes les initiatives sont bonnes à prendre pour combler ce retard, se disent sans doute les autorités.
› D. CH.
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