Hôpital silence… Il y a beau temps que l’on ne lit plus cet avertissement aux abords des établissements de santé. Il faut dire qu’au propre comme au figuré, l’institution fait de plus en plus de raffut. Premières mondiales, erreurs médicales, innovations, fermeture de sites, grèves, agressions, burn-out des soignants… L’hôpital serait-il devenu le miroir de nos sociétés post-industrielles ? Et comme un baromètre de nos espoirs et dysfonctionnements ? C’est un lieu de vie : plus d’un million de personnes y travaillent et près d’un Français sur cinq y est admis chaque année. On y voit le jour : en 2018, 98% des petits Français y seront nés. Et on y meurt aussi, plus d’une existence sur deux s’y achevant. Pas étonnant dans ces conditions que tout ce qui touche de près ou de loin le monde hospitalier soit recouvert d’une forte charge émotionnelle.
A preuve, en vingt ans, le palmarès des hôpitaux -aujourd’hui dressé par Le Point- est devenu un marronnier. On se l’arrache, paraît-il, chaque été. Edition après édition, l’outil se veut de plus en plus sophistiqué et gagne en exhaustivité. Les primés se prennent au jeu, en font un outil marketing et, sans l’avouer, rivalisent d’efforts pour rester sur le podium. Et les pouvoirs publics ne sont pas indifférents à cette agitation : la HAS n’a-t-elle pas mis en place il y a cinq ans son propre site d’évaluation ? A qui profite l’entreprise ? Aux usagers du système de soins sans nul doute. Même si, en décortiquant ces classements qui font la part belle aux procédures, aux ratios de personnels et aux volumes d’activité, on s’aperçoit qu’il est bien difficile de mettre en équation la santé des populations. Comme si le conseil du médecin traitant restait encore la meilleure façon de faire son choix. Avant que le modèle de l’hôpital intra muros ne devienne un jour complètement obsolète…
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