« Les Ehpad les plus chers ne sont pas les meilleurs. » C’est l’enseignement principal de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) qui cible le privé lucratif dans sa dernière publication sur le sujet.
Des prix entre 1 400 et 6 000 euros par mois
Quelle est la situation des Ehpad ? Leurs prix d’hébergement varient selon les établissements entre 1 400 euros à plus de 6 000 euros par mois, avec des tarifs plus onéreux dans le privé lucratif – qui représente 22 % de l’offre globale – que dans le public ou le privé non lucratif. Tous secteurs, le coût moyen mensuel s’élève à 2 000 euros en 2019.
Les chercheurs sont partis du constat que les consommateurs se fient par défaut au prix d’hébergement comme indicateur de qualité même « si ce montant ne couvre en réalité pas les soins personnels et sanitaires qui sont pourtant des dimensions importantes pour les familles ».
Dans ce contexte, les entreprises privées les plus en quête de profits « utilisent leur avantage informationnel en augmentant leurs prix et en baissant les coûts », expliquent les chercheurs, ce qui peut avoir des conséquences sur la qualité. En même temps, seule la concurrence exercée par le privé non lucratif peut forcer les établissements à but lucratif à améliorer leur performance et à modérer leurs tarifs. À l’inverse, dès que le privé lucratif est prédominant sur un territoire, ses tarifs sont encore plus élevés, indique l’Irdes, sans pour autant garantir une meilleure qualité.
Un écart de 900 euros par mois
Les prix d’hébergement sont déterminés principalement par le prix de l’immobilier dans le territoire où est implanté l’établissement et par rapport à son objectif de profit. L’appartenance au secteur privé lucratif explique à elle seule 40 % de la variation de prix, et le prix de l’immobilier dans la commune de l’établissement 21 %. Ce secteur demande à ses résidents 686 euros de plus que dans le privé non lucratif à prix du mètre carré identique. En moyenne, un Ehpad privé (qui fixe librement ses prix) coûte 900 euros plus cher tous les mois qu’un Ehpad privé non lucratif.
Les dimensions de qualité des soins (les effectifs soignants sont financés par les départements et la CNSA) ou les caractéristiques du bâtiment n’expliquent qu’à hauteur de 3 % la variation des prix d’hébergement. Entre les secteurs lucratif et non lucratif (public et privé) en moyenne, le niveau d’encadrement est plus faible dans le premier (50 ETP pour 100 résidents) que dans le second (47). Près de la moitié (48,4 %) des structures du privé lucratif relève des problèmes de recrutement contre 43,9 % dans le non lucratif. Enfin, ce dernier a un taux de turnover plus élevé (13,6 % vs. 10,7 %). Mais au global, notent les chercheurs, « les indicateurs de qualité mesurés varient relativement peu entre les secteurs lucratif et non lucratif ».

L’Irdes en tire quelques enseignements et appelle les pouvoirs publics à créer des indicateurs « reconnus et compréhensibles pour les consommateurs » et à mieux réguler les Ehpad privés lucratifs « afin d’éviter des dérives au détriment des résidents et de leurs familles », ce qui pose « un risque accru de financiarisation de notre système de santé ».
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