La nuit dernière, 292 patients hospitalisés ont tenté de trouver le sommeil sur un brancard faute de lit d’hospitalisation. Tel est le décompte réalisé par le SAMU-Urgences de France (SUdF) dans le cadre de son « No Bed Challenge ». Lancée le 10 janvier, l’initiative consiste à recueillir chaque matin, « après la relève et avant 10 heures », le nombre de patients qui ont passé la nuit au service d’urgences faute de lit d’aval. Le cumul, au niveau national, de ces patients sans lit est ensuite affiché sur un site dédié. « L’objectif est d’avoir une idée précise, bien que déclarative, de la situation », explique le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France.
Une centaine de services d'urgences impliqués
L’initiative repose sur le volontariat des médecins des services d’urgences, qui renseignent, dans un premier temps, le nombre de passages annuels, de boxes de soins, de places de salle d’attente des urgences vitales (SAUV) et de lits d’unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD). « Une centaine de services d’urgences [sur 645 en France, NDLR] se sont inscrits pour participer, malgré les menaces de certaines directions sur les personnels » précise le Dr Braun. « Malheureusement, la démarche n’est pas toujours continue ». Ce relevé quotidien alimente ensuite des classements, hebdomadaires et mensuels, des « dix meilleurs » et les « dix plus mauvais » établissements, avec un code couleurs allant du vert (aucun patient-brancard) au noir (plus de huit patients-brancards par nuit). Ce lundi, les CHU de Limoges, de Nîmes, de Strasbourg et les hôpitaux d'Aulnay-sous-Bois (Robert Ballanger) et de Niort sont les bonnets d'âne.
Des formes de maltraitance
Les services impliqués dans ce « No Bed Challenge » sont de toutes tailles et de toutes zones géographiques, du CHU de Strasbourg au groupe hospitalier du Sud de La Réunion, à Saint-Pierre. « Le panel que nous avons pu constituer apparaît intéressant et représentatif : depuis une semaine, les chiffres augmentent, ce qui correspond à la réalité de saturation que font remonter les personnels », estime le Dr Braun. « Le récent décès aux urgences de Reims montre, s’il en était besoin, la pertinence de la démarche et l’urgence à traiter ce problème », ajoute-t-il.
Bien accueillie, selon le président de SUdF, par les personnels concernés, l’initiative a d’abord suscité quelques craintes sur la stigmatisation des services d’urgences. Or, « c’est bien à l’échelle de l’hôpital que se posent ses problématiques qui aboutissent à des formes de maltraitance, aussi bien envers les patients qu’envers les personnels », rappelle le Dr Braun. « Il est pour nous difficilement compréhensible qu’il n’y ait pas plus de réactions. On essaie d’être des lanceurs d’alerte, mais on a le sentiment de prêcher dans le désert. »
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