Reçus au ministère de la Santé vendredi 8 novembre dans le cadre du chantier de la refondation des urgences hospitalières, les médecins libéraux en sont ressortis très remontés contre les pistes présentées par Agnès Buzyn. Dans un communiqué commun, la CSMF, la FMF, MG France et le SML étrillent ce mardi un plan urgences « exclusivement centré sur l'hôpital » , oubliant la médecine de ville.
La principale inquiétude des quatre syndicats de libéraux porte sur la nature du futur service d'accès aux soins (SAS), superplateforme de régulation promise par Agnès Buzyn pour l'été 2020, qui avait déjà soulevé beaucoup d'inquiétudes des libéraux le mois dernier. « Créer un service d’accès aux soins sous l’égide de l’hôpital ne répond ni aux enjeux de l’organisation des urgences ni à ceux de la réponse aux demandes de soins non programmés », grondent les leaders médicaux Jean-Paul Ortiz (CSMF), Jean-Paul Hamon (FMF), Jacques Battistoni (MG France) et Philippe Vermesch (SML).
Pas chauds pour le 113
Surtout, la ville craint désormais la mise en place du 113, nouveau numéro unique santé que Ségur leur aurait présenté comme une réponse possible à l'engorgement des urgences. « Ce numéro n’est en fait que le 15 sous un nouvel habillage, écrivent-ils. C’est donc une occasion ratée de s’appuyer sur la médecine de ville. » Tel que pensé par Ségur, ce SAS « hospitalier » risque de générer plus de problèmes que d'apporter une véritable solution à la prise en charge des soins non programmés, indiquent les quatre syndicats.
Premier risque : la création d’un « appel d'air qui va monopoliser tous les moyens financiers disponibles, assistants de régulation médicale (ARM) et régulation notamment ». Autre crainte : voir les urgences vitales « noyées » dans les appels relatifs aux soins non programmés, avec les conséquences que cela implique sur la qualité de la prise en charge.
Enfin, la ville redoute d'être totalement écartée de la réponse aux soins non programmés : non seulement rien ne serait prévu pour assurer la place des libéraux dans les Centres 15, mais en plus les hôpitaux commencent à « siphonner l'activité de la médecine ambulatoire » en créant des unités de soins non programmés dans leurs locaux.
Le 116 117, toujours la solution libérale
Droits dans leurs bottes, les médecins libéraux rappellent leur principale revendication, aux antipodes du numéro unique santé 113 : la création d'une filière spécifique aux soins de ville, « distincte des urgences médicales, connue de la population et s’appuyant sur le 116 117 ».
Ils réclament également l'extension des horaires de la permanence des soins ambulatoires (PDS-A) sur les horaires des gardes hospitalières (« qui débutent à 18H et englobent le samedi matin »), la régulation des demandes de soins non programmés « gérée par des organisations libérales » et une « valorisation » de cette prise en charge des soins non programmés.
La ville envoie un dernier message à Ségur, en guise d'avertissement : si le ministère ne prend pas en compte ces considérations dans la construction du futur SAS, « les syndicats de médecins libéraux n’auraient plus d’autre possibilité pour se faire entendre que de s’engager résolument dans une grève des gardes ».
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