Six ans après sa mise en place, quel bilan faire de la Paces ?
Pr Jean-Luc Dubois-Randé Il est plus que mitigé. Le spectre d’entrée dans les études de santé a été élargi avec plusieurs filières. L’idée de départ est plutôt bonne - elle pourrait même être amplifiée avec d’autres filières - mais le problème c’est que la plupart des étudiants intègrent la Paces pour faire médecine. Ceux qui font pharma mais aussi les sages-femmes, un peu moins pour l’odonto, sont donc souvent des déçus du concours.
Un autre échec est le fait que, malgré tout, il faut toujours deux ans pour passer. En première année, vous n’avez que 14 % de chances de réussite. Il y a des échecs y compris pour des très bons étudiants et les passerelles sortantes (université ou écoles d’ingénieur) ont été très peu préparées. L’élément pervers, c’est que certains zappent la Paces en allant à l’étranger et cette tendance augmente, ce qui favorise encore les classes aisées. Donc le système demeure absurde.
À la conférence des doyens, on pousse pour la diversité, pour éviter les redoublements et pour qu’il y ait des conditions pédagogiques acceptables en première année. Pour l’instant, c’est du bachotage, à tel point qu’on a l’impression que, lorsqu’ils passent en deuxième année, les étudiants ont tout oublié. On sélectionne des étudiants à très bonne mémoire et pas forcément capables de raisonner.
Les expérimentations Paces dans sept universités avaient pour but, entre autres, de diversifier le profil des étudiants. Pour quels résultats ?
Pr J.-L. D.-R. Pour la conférence des doyens, il faut diversifier, et pas de façon anecdotique. On voudrait qu’au moins 20 % de l’entrée en médecine se fasse par d’autres filières que la Paces. C’est un peu tôt pour faire un bilan des expérimentations, mais aujourd’hui on peut dire que ça marche. Au moins pour l’aspect théorique.
À Angers, le système Pluripass, c’est-à-dire un système LMD avec l’absence de redoublement, moyennant une augmentation du numerus clausus fonctionne. Les autres expérimentations également, mais à la marge. Les étudiants qui rentrent dans les filières médecines via d’autres licences se chiffrent sur les doigts des deux mains. Il s’agit majoritairement d’élèves de licences scientifiques et biologiques. On aimerait aussi avoir des humanistes. Le système n’est pas très connu, donc il y a peut-être un problème de démarrage.
Comment se passe cette rentrée 2016 en Paces ?
Pr J.-L. D.-R. La rentrée se passe bien parce qu’on a évité le tirage au sort, mais la question n’est pas réglée pour autant. En Ile-de-France, on était quand même ric-rac. Finalement, on a un peu surbooké à droite à gauche et tout le monde est rentré dans le carré. On s’attendait à un afflux d’étudiants que l’on n’a pas eu, mais, à mon avis, cela va repartir de plus belle l’an prochain. On a donc un vrai sujet qui impose, je pense, d’éviter le redoublement pour libérer de l’espace en première année.
* Président de la conférence des doyens en médecine et de l’UFR de Créteil
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