L'anesthésiste de Besançon poursuivi pour 17 nouveaux cas présumés d'empoisonnement

Publié le 16/05/2019

Le parquet de Besançon a annoncé ce jeudi en fin de journée avoir engagé des poursuites contre le Dr Frédéric Péchier, anesthésiste-réanimateur, pour « empoisonnement sur personne vulnérable » de 17 nouveaux cas présumés, qui s'ajoutent aux sept pour lesquels il avait déjà été mis en examen en 2017.

« Ce sont 17 dossiers qui ont été retenus portant sur des arrêts cardiaques survenus lors d'interventions chirurgicales sur des patients âgés de 4 à 80 ans, dont sept n'ont pas survécu », a détaillé le procureur de la République, précisant qu'il avait requis le placement en détention du médecin de 47 ans interrogé depuis mardi matin par les enquêteurs de la police judiciaire.

Anesthésiste reconnu localement et exerçant dans plusieurs cliniques de Besançon, le spécialiste avait été laissé en liberté sous contrôle judiciaire en 2017 mais avec l'interdiction d'exercer sa profession. « C'est une affaire unique dans les annales. [...] On ne pouvait pas imaginer qu'un professionnel de santé, peut-être avec préméditation, commettrait de tels actes, c'est inimaginable », a observé l'avocat de la clinique Saint-Vincent, l'un des établissements où l'anesthésiste exerçait, partie civile.

Le médecin conteste tout acte d'empoisonnement « de quelque nature que ce soit », a affirmé son avocat ce jeudi matin.

Thèse du pompier pyromane

À l’issue d'une enquête préliminaire conduite depuis près de deux ans – pour les besoins de laquelle quatre corps ont été exhumés en 2018 – la justice cherche désormais à faire la lumière sur l'éventuelle implication du médecin dans une cinquantaine d'autres incidents suspects qui pourraient dissimuler des faits d'empoisonnement « potentiels ».

Parmi les sept cas de patients empoisonnés pour lesquels l'anesthésiste est déjà mis en examen, deux sont décédés et cinq ont pu être réanimés. Âgés de 37 à 53 ans, ils étaient hospitalisés pour des interventions chirurgicales sans difficultés particulières. Ils avaient pourtant été victimes d'arrêts cardiaques, dont l'enquête a plus tard établi qu'ils avaient été provoqués par l'administration de doses potentiellement létales de potassium et d'anesthésiques.

Privilégiant la thèse du « pompier pyromane », les enquêteurs le soupçonnent d'avoir sciemment modifié les poches d'injection de confrères afin de provoquer des incidents opératoires, pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.

Avec l'AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr