30 généralistes recrutés : la Saône-et-Loire a réussi son opération séduction

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Publié le 12/10/2018
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

André Accary

André Accary

Carte Saone-et-Loire

Carte Saone-et-Loire

En Saône-et-Loire, le premier centre de santé départemental de France, inauguré au début de l’année, dépasse déjà les objectifs qu’il s’était fixés. Les chiffres ont de quoi faire des envieux. Le département a recruté 30 généralistes salariés en moins d’un an sur ses différents pôles et antennes. Au total, près de 13 000 consultations ont été réalisées depuis son ouverture. Le président du Conseil départemental André Accary n’est pas peu fier de ce succès.

Après Digoin, la Communauté de communes du Grand Autunois Morvan, Montceau-les-Mines et Chalon-sur-Saône, le dernier centre de santé territorial du projet va ouvrir ses portes à Macon. « L’enjeu sera d’en faire un centre de santé universitaire, du fait de sa proximité avec la faculté de Lyon », explique le président Accary. Le département prévoit également 45 antennes locales rattachées aux centres territoriaux, où les médecins salariés feront des vacations un à deux jours par semaine. Une petite dizaine d’annexes sont déjà ouvertes. « Ces locaux sont mis à disposition par les mairies, ce sont des cabinets sans secrétariat », explique le président.

De 4 600 à 7 000 euros net

Les profils des médecins recrutés sont très variés. Ils ont entre 28 et 61 ans, avec autant d’hommes que de femmes. Certains étaient déjà salariés, d’autres ont goûté à l’activité libérale avant d’en revenir. Les salaires varient de « 4 600 à 7 000 euros net selon l’expérience », précise André Accary. Au total, le département de Saône-et-Loire a investi 2 millions d’euros et projette un équilibre financier à trois ans.

Le président Accary assure que son modèle économique est viable. « Nous sommes partis sur une base de 3,5 consultations par heure et par praticien », indique-t-il. Pour l’instant, les médecins du centre ont des plages de soins non programmés mais ne font pas de gardes. « J’avais demandé à l’Ordre d’être patient sur ce point. Je ne voulais pas de suite décourager les médecins intéressés par ce projet. Nous allons désormais aller plus loin pour assurer la permanence des soins », assure le président de Saône-et-Loire.

Parmi les premiers médecins à avoir intégré le pôle, le Dr Richard Lopez, ancien président de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS), est convaincu que ce modèle répond aux attentes des généralistes… Et pas juste les jeunes. « Beaucoup ont signé après une activité libérale car ils étaient saturés d’administratif et voulaient retrouver un temps médical de qualité », témoigne-t-il. Le Dr Jérôme Vincent, 38 ans, qui intégrera le pôle de Chalon début novembre, confirme ce sentiment de ras-le-bol. « Après 10 ans de remplacement en libéral, je devais me fixer pour des raisons familiales. J’ai toujours refusé les propositions d’installation », confie-t-il.

Le médecin assure que les quelques confrères qui se sont installés ces derniers temps « le regrettent déjà ». « La médecine libérale se casse tout simplement la figure », analyse-t-il. À cause des contraintes administratives et fiscales, et du manque de temps pour développer des activités de prévention, le Dr Vincent a décidé de passer au salariat. Il sera rattaché au centre territorial de Chalon et exercera dans ses antennes rurales. 

Des CDD de trois ans

Initiateur du centre, André Accary a cependant toujours refusé de considérer le salariat comme seule solution. « Il a été créé en complément de l’offre de médecine libérale et lorsque celle-ci reviendra sur le territoire, nous transformerons des antennes en cabinets libéraux », assure-t-il. En attendant les installations, la Saône-et-Loire repart donc en quête de généralistes et vise le recrutement de 10 omnipraticiens supplémentaires l’an prochain. « S’il le faut, nous en recruterons 150 de plus le temps que les départs en retraite soient remplacés », avance-t-il.

Aujourd’hui, 640 généralistes exercent en Saône-et-Loire, dont la moitié est proche de la retraite. « Les CDD de trois ans peuvent rassurer les jeunes hésitant à s’installer en libéral. Ils ont le temps de se familiariser avec leur patientèle et leur environnement de travail. Le salariat peut leur servir de tremplin pour s’installer ensuite », conclut le président de Saône-et-Loire. nC. R.

Buzyn au congrès des centres de santé

Agnès Buzyn s’adressera ce 12 octobre aux représentants de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS), en congrès à Paris. « On l’interrogera sur notre place dans le Plan santé, déclare le Dr éric May, son président. Les assistants semblent réservés avant tout à nos collègues libéraux. Or, nos équipes de soins ont aussi des besoins d’aide. » Les centres de santé souhaitent être associés aux réflexions sur les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), auxquelles un grand nombre participent déjà activement. Ils attendent aussi des précisions sur le statut des 400 généralistes salariés promis par Emmanuel Macron dans les hôpitaux de proximité ou les centres de santé pour développer l’exercice mixte. « Beaucoup de questions se posent sur l’importance accordée par le gouvernement aux centres de santé alors qu’ils sont la meilleure réponse sanitaire, en termes d’aménagement du territoire et de soins primaires », conclut éric May.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr