Comment le généraliste peut-il surmonter ses difficultés à aborder certains sujets ?
Dr Catherine Laporte : Nous, médecins, devons travailler sur nos représentations. La plupart du temps, les patients sont prêts à répondre honnêtement, ce sont les médecins qui sont gênés pour poser certaines questions. Quel que soit le sujet, si le praticien s’y est préparé, il peut réussir à mettre une distance avec ses représentations, ses peurs ou appréhensions. Cela ne veut pas dire que nous allons changer nos convictions ou nos croyances, mais que nous serons plus empathiques avec nos patients, en tenant davantage compte de leur ressenti et de leur parcours. Ce travail sur l'écoute et l'empathie, nous essayons de l’apprendre de plus en plus à nos étudiants.
Quelle formation pour cela ?
Dr C. L. Notre formation initiale comprend de plus en plus de groupes d’échanges de pratiques avec nos internes. Les ateliers sur la relation médecin-patient se multiplient. À Clermont-Ferrand par exemple, nous lançons une session sur la simulation. Nous essayons de rendre les étudiants opérationnels sur les situations qui les questionnent le plus. Cet atelier leur fait du bien, il engendre des discussions. C’est à ce moment-là que se jouent beaucoup de choses. De nombreuses facultés ont déjà un module de formation, plus ou moins important, sur les violences faites aux femmes par exemple. Une chef de clinique de Clermont-Ferrand crée actuellement un réseau soins et recherche, tout en étudiant ce qui a été mis en place sur ce sujet.
Comment aider les généralistes qui se sentent démunis ?
Dr C. L. Les médecins appréhendent parfois d’ouvrir une boîte de Pandore et de ne pas disposer des outils et des éléments pour gérer la situation. à cet effet, de plus en plus de sites existent. Dans ma région par exemple, la plateforme Declicviolence.fr se consacre aux violences faites aux femmes. Pour les addictions, les médecins peuvent se tourner vers Addictauvergne, ou au niveau national vers Le village des addictions. Tous ces sites ne remplacent pas la disponibilité humaine, mais guident les médecins pour joindre les bonnes personnes, se faire assister et aider les gens.
* Maître de conférences à Clermont-Ferrand
Dr Catherine Laporte* : « Nous apprenons l’empathie aux étudiants »
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