«Je suis retournée au cabinet dès le lendemain de l’agression. Il fallait que je reprenne directement, car je redoutais ne plus pouvoir le faire si j’attendais trop. Pendant 15 jours, je regardais derrière les rideaux, par la fenêtre… C’était l’enfer. Mon mari m’a dit : « Soit tu fermes ton cabinet et tu prends un poste salarié, soit tu trouves une autre solution, mais tu ne peux pas continuer comme ça. »
Je n’ai reçu aucun soutien. Les médecins des alentours savaient, mais je n’ai reçu ni mot ni coup de fil. J’ai eu un entretien avec l’Ordre, rien d’autre ensuite.
Je me suis finalement résolue à solliciter l’aide d’un spécialiste. Il m’a dit que je présentais des symptômes post-traumatiques en rapport avec l’agression. J’avais des troubles du sommeil, des crises d’angoisse… Avant les gardes, il m’arrivait de vomir juste après avoir mangé. Pourtant, je pensais avoir été “guérie” de cette agression.
Peur des inconnus Quand j’ai déposé plainte, l’inspecteur de police a beaucoup ri et m’a dit de prendre une bombe lacrymogène. L’Ordre était aux abonnés absents, mais avait tout de même envoyé un courrier aux cabinets de femmes médecins pour les inciter à prendre des précautions car mon agresseur risquait de récidiver. À l’époque, ils m'avaient suggéré de m’armer d’une façon ou d’une autre en me précisant que je n’aurais pas à m’en servir. Après l’agression, le plus difficile a été de gérer la peur à chaque nouveau patient homme, que je ne connaissais donc pas encore.
Puis j’ai décidé d'emmener mon chien de l'époque au cabinet. C’était un croisé Braque, pas du tout un chien de garde, mais il faisait 40 kg. Depuis ce jour-là, j’ai toujours amené mes différents chiens au cabinet et je me sens complètement en sécurité. Ils ont appris à rester couchés sous le bureau. J’ai été agressée par un toxicomane en 2011, qui a voulu renverser le bureau sur mes pieds. Mon chien l’a fait sortir du cabinet et l’a raccompagné jusqu’au parking. »
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