Le Généraliste. Un médecin généraliste à la tête de l’Ordre, c’est une première ! Est-ce le signe d’un changement de cap ?
Dr Patrick Bouet. L’Ordre a souvent été présidé par des universitaires, bien que Michel Ducloux et Michel Legmann aient dérogé à la règle en étant tous deux issus du monde libéral, mais le fait que le Conseil National de l’Ordre choisisse d’élire à sa tête un généraliste, en activité, d’un département symbolique, augure effectivement de la volonté de resituer l’Ordre dans son environnement et au cœur des débats de société.
Quels dossiers vous paraissent globalement prioritaires ?
L’accès aux soins et l’organisation des soins font partie de nos priorités. Tout comme la reconnaissance de la valeur du métier de médecin en tant qu’acteur économique, social et régulateur de notre société. Les partenariats avec tous les acteurs institutionnels qui nous entourent sont aussi très importants. Les relations avec les autres Ordres sont primordiales. Nous insistons également sur le lien avec les patients. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons voulu qu’un vice-président soit, pour la première fois, responsable d’un pôle patient au sein de l’Ordre. Tous ces dossiers sont bien entendu au programme du séminaire du Conseil National de l’Ordre les 26 et 27 septembre qui aboutira à la feuille de route que nous arrêterons le 17 octobre.
La question de la liberté d’installation a provoqué des débats au sein de l’Ordre, qu’en pensez-vous ?
Je me placerai dans une nouvelle vision où, acteur de l’organisation des soins, l’Ordre doit revendiquer que l’État assume son rôle régulateur et organisateur. Nous ne sommes pas porteurs d’une solution univoque. Nous ne pouvons pas aujourd’hui affirmer que restreindre la liberté d’installation est une solution. Celle-ci passe par une analyse de fond sur les besoins de la population, sur la volonté de l’État en tant qu’organisateur, sur les possibilités de l’ensemble des acteurs financeurs, professionnels et les patients. Il y a donc des solutions. Il faut protéger les capacités de choix d’exercice pour que les jeunes médecins qui vont arriver sur le marché puissent trouver ce qui leur permettra de s’exprimer pleinement dans leur métier.
Quel est votre sentiment sur le dossier très actuel des dépassements d’honoraires ?
Nous continuons d’affirmer que le tact et mesure est déontologique et que le respect du contrat conventionnel est conventionnel. Il faut donc nous laisser traiter de la déontologie, à condition, bien sûr, que nous soyons informés ! Nous trouvons qu’il y a une confusion dans le dispositif actuel entre vouloir fixer des seuils et le fait de laisser croire que ces seuils valident la notion de tact et mesure qui est d’une tout autre nature. On peut être dans le seuil conventionnel en ne dépassant pas plus de deux fois les tarifs opposables et pour autant ne pas être dans le tact et mesure... J’appelle à ce que nous retrouvions le chemin du travail avec l’Assurance Maladie et les organismes représentatifs de la profession car nous avons besoin des uns et des autres. Mais, attention ! L’Ordre ne partagera jamais la déontologie avec quelqu’un d’autre.
L’Ordre a déjà pris position dans le débat sur la fin de vie, est-ce que l’on va vous entendre à l’occasion des Etats généraux de la fin de vie ?
Nous serons présents dans ces grands débats de société, en étant à l’écoute des autres acteurs pour que l’on soit vraiment dans un débat de fond. Dans sa dernière prise de position sur le sujet, l’Ordre se place dans une vision évolutive mais qui, malgré tout, respecte un certain nombre d’éléments fondamentaux qui sont que le médecin ne doit pas tuer, mais qu’il y a des évolutions technologiques qui permettent d’intervenir de plus en plus fortement dans l’action auprès d’un patient en souffrance. Cela n’est ni l’euthanasie, ni le suicide assisté. Le champ de la réflexion est néanmoins ouvert. La question du moment est de savoir ce que veut la société. Ensuite, ce sera aux politiques d’agir. Les médecins sont dans le questionnement permanent et, bien entendu, ils l’expriment. Le corps médical est un des acteurs du débat. Rien ne pourra se faire sans les médecins. Ils ne seront pas violés dans leur conviction, ils devront être consultés et on devra les entendre.
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