Partenaires du système de santé, les complémentaires santé sont perçues de façon « ambiguë » par les syndicats de médecins libéraux. Même si certains admettent qu’elles permettent de pallier le désengagement de l’Assurance maladie sur certains postes de dépenses, la plupart s’inquiètent de la place croissante qu’elles pourraient prendre demain.
[[asset:image:5116 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Le Dr Éric Henry se méfie de leur « envie de contractualiser avec les médecins pour faire baisser les coûts ».
« Cela mettrait en concurrence les médecins qui auraient un contrat avec une complémentaire, cette dernière leur envoyant des patients adhérents à leurs mutuelles, et les autres médecins qui n’auraient alors pas accès à ces clients-là », décrypte le président du SML. Le généraliste breton va même plus loin et assure que cela pourrait engendrer une baisse des tarifs de consultation.
Même crainte et suspicion vis-à-vis des mutuelles pour le président de la FMF, Jean-Paul Hamon,
qui rappelle que si, pour l’instant, la proposition de loi Le Roux ne concerne que les dentistes, les opticiens et les audioprothésistes, les réseaux de soins mutualistes pourraient s’étendre aux médecins. « Nous sommes dubitatifs et en deux ans, jusqu’à la fin du mandat de François Hollande, il peut encore se passer beaucoup de choses. D’autant que les complémentaires santé ne favorisent pas les bonnes relations avec nous. Elles tiennent souvent des propos diffamatoires. »
Accès aux soins : « la Sécu s’est totalement désengagée »
À la CSMF, on s’interroge sur l’avenir de l’Assurance Maladie à long terme. Le « vrai » problème pour son président, Jean-Paul Ortiz,
[[asset:image:5126 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]c’est celui de l’accès aux soins, là où « la Sécu s’est totalement désengagée », citant l’exemple de retraités qui n’ont pas les moyens de s’acheter des audioprothèses. « Les mutuelles sont beaucoup là-dessus parce que l’Assurance Maladie est absente sur ce terrain-là. Mais si les complémentaires interviennent directement en lien avec les médecins, comme cela pourrait être le cas avec la problématique du tiers payant, cela changerait le rapport de force avec les médecins », s’inquiète le Dr Ortiz.
De son côté, MG France reconnaît également que les complémentaires santé permettent dans certains cas de faciliter l’accès aux soins mais son président, Claude Leicher, se méfie en revanche « de la perte progressive du caractère solidaire de l’assurance maladie française ».
Un écart entre les intentions et la réalité
Travailler avec les mutuelles pourquoi pas ? Le président de la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé (FFMPS), Pierre de Haas, n’y est pas opposé. Il assure par ailleurs que si on en parle beaucoup dans les médias, sur le terrain, d’après lui, elles sont finalement peu présentes dans le secteur des maisons de santé.
« Elles semblent toujours très intéressées sur le papier pour participer à l’organisation des soins mais elles ont du mal à passer à l’action ».
Dans les syndicats de médecins libéraux, on relève aussi l’écart entre les intentions et la réalité. Du côté de la prévention par exemple, Jean-Paul Hamon souligne qu’on n’a encore rien vu venir : « On avait dit qu’avec les contrats responsables il y aurait de la prévention, que c’était une condition préalable et pourtant, dans les faits, il n’y a rien, aucune coordination des actes de prévention ».
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