« C'est devenu maire que je fus la première fois directement confronté aux difficultés d'accès aux soins, à cette démographie mortifère et aux symptômes plus qu'évidents des grands dysfonctionnements de notre système de santé », raconte Jean-Carles Grelier, député de la Sarthe (apparenté LR) et ancien maire de la Ferté-Bernard pendant neuf ans (2008-2017).
Dans son livre-réquisitoire intitulé « Nous nous sommes tant trompés »*, l'élu témoigne de son expérience de maire soudainement confronté au départ à la retraite de trois des quatorze généralistes de sa ville exerçant dans un même cabinet. « Le premier souvenir qui me revient est celui d'une grande solitude. Les autorités de l'État font la sourde oreille faute de pouvoir admettre qu'elles sont totalement démunies. Les instances ordinales compatissent. L'Université ne se sent qu'à peine concernée », résume-t-il.
Mais l'avocat en droit public est têtu. Après plusieurs initiatives demeurées vaines, il décidera d'ouvrir un centre municipal de santé avec des praticiens salariés. Une incursion alors vécue comme une « agression » par les autres médecins du territoire... « Ils ne me facilitèrent pas la tâche, pas davantage qu'ils n'accueillirent confraternellement leurs confrères », tacle cet expert des questions de santé.
Rapidement toutefois, ceux qui exercent en libéral se rendront compte de leur complémentarité avec les nouveaux praticiens salariés. En un an, les deux médecins en poste constituent une patientèle de 3 000 personnes (pour une commune de 10 000 habitants, au centre d'un bassin de 30 000 âmes). « Avec ce centre de santé, je n'ai pas trouvé la pierre philosophale ni la solution miracle reproductible d'un territoire à l'autre. J'ai simplement compris que les élus locaux confrontés aux mêmes difficultés tentaient du mieux qu'ils pouvaient d'apporter des solutions à leurs concitoyens. »
*« Nous nous sommes tant trompés », Éditions du Rocher, 192 pages, 16,90 euros
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