LE QUOTIDIEN : Le recrutement des assistants médicaux décolle-t-il ?
MARGUERITE CAZENEUVE : Oui, nous sommes globalement satisfaits. Malgré le contexte sanitaire, les médecins continuent de jouer le jeu. Au 21 septembre, 2 505 contrats pour le recrutement d'assistants médicaux ont été signés ou sont en cours de signature – dont 80 % par des généralistes et 54 % par des praticiens dans les zones sous-denses. C'est une bonne nouvelle car nous sommes dans une logique d'optimisation du temps médical dans les zones déficitaires. Si cette tendance se poursuit, l'objectif de 4 000 assistants médicaux embauchés sera atteint en 2022.
Il existe d'autres points de satisfaction. Sur la base de ces contrats signés, nous estimons à un million le nombre de patients supplémentaires qui pourraient être intégrés dans les files actives des praticiens et à près de 400 000 le volume supplémentaire de patients ayant un médecin traitant. Même s'il est difficile de faire un lien de cause à effet direct, nous avons constaté que la patientèle moyenne par médecin traitant a progressé. Elle est passée de 943 à 971 entre 2018 et 2021. Après 24 mois, le taux moyen d'atteinte des objectifs sur la patientèle médecin traitant est de plus de 100 % et de 60 % sur la file active chez les généralistes selon une analyse faite à partir de 500 contrats.
Quelles sont les difficultés ?
La CNAM a mené une étude qualitative avec l'institut BVA auprès d'un échantillon représentatif de patients, d'assistants médicaux et de médecins éligibles pour recueillir leurs retours d'expérience. Cette enquête confirme la pertinence du dispositif. Les médecins qui ont recruté un assistant médical sont unanimes sur le bilan : allègement de la charge mentale, amélioration de la qualité de la prise en charge des patients et de la qualité de travail, simplicité de l’adhésion, etc.
L’étude a toutefois révélé plusieurs freins ressentis par des médecins, en particulier par ceux n’étant pas engagés dans la démarche. Ils évoquent la méconnaissance du dispositif puis une inquiétude sur les objectifs à atteindre en trois ou quatre ans. D'autres problèmes très pratico-pratiques ont été mentionnés comme le manque de place dans le cabinet ou l'obligation pour l'assistant médical d'obtenir un certificat professionnel après une formation afin de pouvoir exercer ce nouveau métier. À l’époque, cette formation n'existait pas et ce flou a été l'un des freins pour s'engager.
Comment la CNAM compte-t-elle améliorer le dispositif ?
Sur la formation des assistants médicaux, les choses sont plus claires. Douze agréments ont été donnés à des organismes, cela donne plus de visibilité aux médecins employeurs. Pour mieux informer les médecins et les rassurer sur les objectifs, nous allons démarrer une campagne d'information auprès des médecins éligibles avec des délégués de l'Assurance-maladie. Des initiatives originales pour communiquer sont également prises par les CPAM. En Moselle, la caisse a lancé avec succès l’opération « Adopte un assistant médical » depuis juillet 2020.
Nous souhaitons donner un coup d'accélérateur, y compris dans le pilotage de notre réseau pour savoir pourquoi ce dispositif est peu déployé dans tel ou tel département. Quoi qu'il en soit, en 2022, dans le cadre de la prochaine convention médicale, nous ferons le bilan avec les syndicats et, le cas échéant, nous verrons comment améliorer les objectifs, les critères d’éligibilité et les montants des aides de l'Assurance-maladie.
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