Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a décidément une dent contre l'Ordre des médecins et le fait savoir. Dans une pétition au vitriol lancée le 10 avril, le SNJMG milite pour la dissolution pure et simple de l'institution ordinale taxée de « nocive » pour les praticiens et accusée de « multiples défaillances ».
« Qui l'Ordre sert-il vraiment ? », interrogent les jeunes praticiens, qui multiplient les reproches au plan déontologique et sociétal. Contestation du droit à l'IVG pour toutes les femmes, condamnation des « médecins accompagnant des femmes et hommes trans pour faire valoir leurs droits », opposition au tiers payant ou même couverture de « soignants violeurs et pédocriminels pourtant dénoncés par les patients victimes ou leurs proches », affirme le SNJMG dans sa pétition.
Justice d'exception ?
Accusé par la Cour des comptes de laxisme disciplinaire dans le traitement des plaintes pour des faits à caractère sexuel, l'Ordre des médecins avait répliqué fin 2019 aux accusations « erronées » d'une Cour des comptes « mal inspirée ». « Contrairement à ce que soutient la Cour, en se fondant sur des chiffres dont elle dit elle-même qu’ils ne sont pas fiables, l’ensemble des plaintes et doléances qualifiables de plaintes donnent bien lieu à instruction, et, à défaut de conciliation, à transmission aux chambres disciplinaires », soulignait alors le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), affirmant que cela est particulièrement vrai pour les plaintes en matière sexuelle.
Ce qui n'empêche pas le SNJMG de dénoncer aujourd'hui une « justice d'exception » qui serait rendue au détriment des patients. « Les personnes qui ont à se plaindre de médecins ont tout intérêt à se tourner vers la justice de droit commun et non vers cet apparat de justice », plaide le syndicat. Et s'agissant des peines reçues par les médecins, les auteurs de la pétition voient dans « les condamnations ordinales pour non-confraternité ou atteinte à l'image de la profession » des « instruments pour maintenir une omerta sur les abus commis dans la profession ».
Train de vie des élus
Le SNJMG attaque enfin l'Ordre sur son supposé train de vie. Il cite toujours le même rapport de la Cour des comptes avant de dénoncer pêle-mêle les indemnités des conseillers ordinaux « pouvant aller jusqu'à 10 000 euros par mois » et la « complaisance » de l'Ordre « vis-à-vis des pratiques corruptives exercées par l'industrie pharmaceutique au profit des médecins ». Là encore, l'Ordre national s'était déjà expliqué.
Ce mercredi matin, la pétition avait déjà recueilli 367 signatures donc celle d'une vingtaine d'associations féministes, de collectifs engagés pour les droits des personnes handicapées, ou de syndicats comme celui de la médecine générale (SMG).
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