Affaire Lambert : les médecins s’en remettent à la justice, Touraine approuve.

Publié le 23/07/2015

Rien n’a finalement été décidé. Une semaine après avoir mis en route une nouvelle procédure d’arrêts des traitements, « le médecin en charge de Vincent Lambert a décidé de suspendre la procédure collégiale placée sous sa responsabilité », indique le CHU de Reims. Le Dr Daniela Simon, responsable de l’unité de soins palliatifs de l’établissement, considère ainsi que « les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de cette procédure, tant pour Vincent Lambert que pour l’équipe soignante, ne sont pas réunies ». Et ce alors même qu’un communiqué du CHU de Reims souligne que « l’évaluation de Vincent Lambert a conduit à constater que la situation clinique était comparable à celle qui avait été rapportée par les experts mandatés par le Conseil d’État ». Rapport sur la base duquel la haute juridiction administrative avait approuvé la légalité de la procédure d’arrêt des soins.

Selon François Lambert, le neveu, les médecins rémois ont l’intention de saisir le procureur de la République « pour mettre Vincent sous protection globale et déterminer un référent qui pourrait le représenter légalement ». D’après la famille, ceux-ci auraient eu vent de projets d’enlèvement.

Prenant "acte de la décision des médecins (...) de saisir le procureur de la République", l’Ordre des médecins "apporte tout son soutien aux équipes médicales". Marisol Touraine apporte également « tout (son) soutien à l’équipe soignante de Vincent Lambert, qui travaille depuis des mois dans un climat extrêmement difficile ». Aux yeux de la ministre de la Santé, cette décision ne s’apparente pas à un refus de procéder à l’arrêt des soins mais s’explique en ce que "les conditions de sécurité et de sérénité nécessaires pour (la) mettre en œuvre (…) ne sont pas réunies ».

Hostiles à la reprise du processus médical, les parents de Vincent Lambert ont en effet déposé un certain nombre de plaintes, vendredi dernier, visant notamment Daniela Simon et le CHU de Reims. Ils reprochent, en substance, à la première et l’une de ses consœurs, le Dr Oportus, un « conflit d’intérêt » et un défaut de partialité, leurs noms apparaissant au titre de « conseillers » de Rachel Lambert dans l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme.

De médicale, l’affaire devient de plus en plus politique. D’autant plus qu’une proposition de loi sur la fin de vie, déposée par les députés Jean Leonetti et Alain Claeys, est actuellement en cours d’examen au Parlement. C’est en tout cas le sentiment d’une vingtaine d’élus pour qui « l’affaire Vincent Lambert est dans l’ombre des débats concernant cette loi ». Dans une tribune, ces députés et sénateurs, majoritairement socialistes et écologistes, regrettent le statut quo entourant Vincent Lambert qui revient, en creux, à nier « le droit de ne pas subir une obstination déraisonnable » découlant des décisions médicales. Ils reprochent au gouvernement de ne pas agir, l’accusant, en somme, de faire le jeu des membres de la famille hostiles à l’arrêt des soins.


Source : lequotidiendumedecin.fr