Innover pour faciliter l'accès aux soins pour tous. L'Ordre a recensé dans un rapport rendu public mardi toutes les initiatives qui marchent en région pour remédier aux déserts médicaux. Ce document intitulé "Initiatives réussies dans les territoires", ne répertorie pas une mais plusieurs solutions qui ont fait leurs preuves en région, selon les spécificités démographiques ou géographiques de chaque territoire. Partir des territoires pour répondre aux problématiques de l'offre de soins en France, l'Ordre a déjà entrepris de le faire dans son livre blanc début février "Construire l'avenir à partir des territoires", un document contenant 10 propositions de réforme pour les candidats à la présidentielle. À l'occasion du débat de mardi, différents acteurs étaient conviés pour parler de leur expérience sur le terrain : Cécile Courrèges, directrice de l'ARS Pays-de-Loire, Claude Neveur, Président du Crom Centre-Val-de-Loire, Bruno Faulconnier, directeur de l'hôpital de Niort et Céline Faurié-Gauthier, conseillère municipale à Lyon, déléguée la santé.
Un partenariat étroit entre tous les acteurs
Lors de la présentation du rapport de François Arnault, délégué général aux relations internes du Cnom, l'accent a été mis par Patrick Bouet sur l'importance d'une coordination de tous les acteurs sur le terrain. Ces derniers doivent "coopérer, se rassembler", précisait le président du Cnom en préambule. Il a également insisté sur le fait qu'il n'existe pas une réponse nationale aux problématiques des territoires, mais bien plusieurs : "Chaque territoire a ses spécificités et une initiative ne peut pas être forcément calquée ailleurs", précise-t-il. François Arnault a ensuite évoqué les grandes lignes de son rapport, notamment l'importance des regroupements de professionnels, de la formation et des stages personnalisants.
Première initiative mise en avant dans le document mais qui n'est pas la plus originale, celle de favoriser l'exercice regroupé. Le développement des MSP a fait ses preuves et permis de sauver la démographie médicale dans des départements ruraux comme la Mayenne, l'Aveyron ou la Meuse, selon l'Ordre. La collaboration de ces structures avec les universités, plus rare, a abouti à la création de deux Maisons universitaires de santé et de soins primaires (MUSSP), à Dijon et Sucy-en-Brie, avec les collaborations des ARS et des collectivités territoriales. Ces structures fonctionnent comme des pendants ambulatoires du CHU, afin de former de jeunes médecins.
Le rapport met aussi en lumière des réseaux et pôles mis en place entre maisons de santé et collectivités. En Côte d'or par exemple, il est proposé aux maires de communes sous-dotées de signer une convention afin d'affecter un local municipal doté de matériel informatique relié à la MSP, à la venue une ou plusieurs fois par semaine d'un des praticiens de la structure.
La formation, un enjeu majeur
Le rapport souligne aussi qu'accompagner les étudiants dans leur formation et leur future installation est la formule gagnante pour les inciter à s'installer en zones sous-denses. Dans le Centre-Val-de-Loire, les étudiants de deuxième cycle en stage sont accueillis par leur maître de stage, parfois même chez lui, et sont aidés financièrement pour le transport et le logement grâce à une coopération entre la fac de Tours et les collectivités territoriales. De son côté, l'URPS Bourgogne a mis en place des réunions d'information à destination des futurs médecins pour les inciter à s'informer au plus tôt sur leur parcours, et lutter ainsi contre ce que le rapport qualifie d'"'hospitalo-centrisme".
Enfin, l'Ordre insiste aussi sur l'émergence du statut de "médecin adjoint", délivré par arrêté préfectoral et sur ordre de l'ARS. Ce titre serait donné aux étudiants de 3e cycle en possession d'une licence de remplacement, afin de venir en appui de médecins généralistes sur le territoire. Cette pratique est déjà effective dans les Deux-Sèvres, la Vienne, la Loire et l'Aube. Et peut-être dans d'autres départements puisque François Arnault, auteur du rapport, précise que tous les territoires n'ont pas encore répondu aux sollicitations de l'Ordre pour mettre en avant leurs initiatives innovantes.
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